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Panels
P1. Islam, image et société libérale. De la politique de la tolérance dans la politique du vivre ensemble dans les suds
Responsable: Martin Raymond Willy Mbog Ibock, Université de Douala (ibock_martin@yahoo.fr)
25Résumé de l’activité
L’évolution récente de nos sociétés a conduit la philosophie politique à s’intéresser, aux cours des dernières années, à la question de savoir comment un État libéral et démocratique doit faire face au défi du vivre ensemble. Certes, la coexistence au sein d’un même espace politique de groupes religieux distincts n’est pas un phénomène nouveau. Mais l’acuité des revendications de certains de ces groupes et la sensibilité croissante d’une part du public à ce type de revendications pose la question du bien-fondé de l’islam dans la cohésion sociale qui ne viseraient plus seulement la protection des citoyens mais aussi à la préservation et à la promotion du vivre ensemble en accordant à une place primordiale à la tolérance. Cet enjeu est notamment au cœur du débat contemporain dans la philosophie politique au sud du Sahara en Afrique. Le débat sur la place de l’Islam dans les sociétés libérales, qui s’est amplifié dans le monde musulman aussi bien qu’en Europe occidentale depuis quelques décennies, se caractérise par une forte tendance des controversistes de tous bords à essentialiser l’islam, en le présentant comme un ensemble de croyances, de connaissances et de pratiques fermées et figées. L’apport de l’islamologie dans ce débat est tout compte fait très restreint. Aussi faut-il saluer le geste d’un spécialiste de littérature arabe médiévale lorsqu’il descend dans l’arène armé de sa profonde connaissance des sources anciennes. En lisant le Coran on s’aperçoit que de nombreux versets, notamment les versets de la première période de la révélation mecquoise, appellent à laisser la liberté à chacun de suivre sa voie en matière de religion, à ne pas imposer l’islam par la force, et à respecter ceux qui pratiquent les autres religions, qui croient en un Dieu unique, et qui sont qualifiées de manière assez positive de « Ahl al kiteb » ou Gens du Livre. Ce serait bien sûr anachronique de parler s’agissant de ces versets de « liberté de conscience » puisque cette notion n’existait pas encore au moment de l’arrivée de l’islam au VIIe siècle dans la péninsule arabique, mais on peut tout de même sans forcer le trait parler de versets qui vont dans le sens de la tolérance et de la modération. Dès lors, nous sommes en droit de nous interroger de la manière suivante : comment une société musulmane doit-elle se soucier du vivre ensemble par le biais de la tolérance en préservant et protégeant l’idée de paix, au besoin, la nation? Une société musulmane peut-elle, doit-elle, pratiquer des politiques de l’acceptation au travers de l’islam? Telles sont les questions autour desquels se structurent le débat. Une approche résolument interdisciplinaire sera adoptée pour apporter une explicanitum. L’on ne se passera pas des connaissances juridiques, sémantiques, sociologiques et philosophiques sur l’islam. Cette réflexion sera menée à partir d’interviews, d’observation participative et de consultation de documents d’archives y relatives. Notre hypothèse principale est l’islam prône une politique de la tolérance pour asseoir et réaliser la politique du vivre ensemble.
Panelistes :
– Courants islamiques et choix électoraux au Cameroun, Gérard Bounougou, Chargé de Cours, Université de Douala
– Islam : De l’autonomie relative à la déconstruction de la connaissance radicale dans les suds afriques, Freddy Cyriac Lagme, Chargé de Cours, Université de Douala
– Islam et Constitution dans les afriques du sud Sahara, Suzie Esther Temtia Noumembe, Chargé de cours, Université de Douala
– L’acceptation de l’autre par les individus d’obédiences islamiques dans les suds : entre discours du vulgaire et de l’élite, « même Boko Haram et les djihadistes acceptent l’autre, Rolinx Ketcha Tantchou, Assistant, Université de Douala
Enregistrement vidéo :
P1. Islam, image et société libérale. De la politique de la tolérance dans la politique du vivre ensemble dans les suds
P4. Loyaute-Politique-Morale : Conceptions, perceptions et réalités en contexte africain
Responsable: Raul Njutapmvoui Mfouzie Arami, Université de Yaoundé (aramipaulnjuitapmvoui@gmail.com)
Résumé de l’activité
Plus connue dans le jargon militaire pour symboliser la fidélité aux engagements pris (Yakovleff, 2007 : Schehr, 2021), et dans le monde professionnel pour symboliser le degré de responsabilité du salarié vis-vis de l’employeur (Clancy, 1998; Begin et Centeno, 2015), la notion de loyauté, délaissée dans les discussions théoriques et méthodologiques ainsi que dans le vocabulaire politique usuel, suscite un intérêt constant depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Après son absence d’appropriation par les sciences humaines et sociales, le monde académique semble s’en préoccuper. C’est dans ce cadre que s’est inscrit le 85e congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) sous le thème « Loyauté politique et trahison au XXIe siècle : quelle actualité? », tenu en 2017. Si les pays du Nord -industriellement avancés, culturellement convergents et politiquement stables- ont expérimenté cette théorie du contrat social avec plus ou moins de succès, cela ne semble pas être le cas pour les pays du Sud. Pour cause, la loyauté est surclassée ou surdéterminée par l’opprobre, l’exacerbation des rivalités ethniques ou la « quête de notabilité sociale et la rémanence autoritaire » (Zambo Belinga, 2003). Aujourd’hui, la notion de « majorité présidentielle », face à une opposition souvent en panne au Cameroun (Sehou, 2012), est perçue comme le déterminant qui structure la pertinence du contrat social et justifie la morale sociale déliquescente ou non. Ainsi, quelle interdépendance existe-t-il entre la loyauté, la politique et la morale en contexte africain ? Cela est-il porteur de sens, de non-sens ou de contre-sens en contexte d’émergence des communautés plurielles et identitairement marquées en Afrique? Des contributions, portant sur des cas spécifiques des pays africains, sont attendues pour analyser et comparer les parcours des leaders politiques ainsi que l’impact de leur choix dans la préservation et/ou déconstruction des valeurs républicaines/sociales. Mots clés : Loyauté, politique, trahison, confiance, Afrique.
Panelistes
La politique entre folklore et loyauté au Cameroun. Une analyse de la sociologie des mobilisations autour des accueils du chef de l’État lors des voyages officielles/privés à l’extérieur
Fridolin Martial Fokou, Université de Dschang, FSJP
Aborder la loyauté en politique en Afrique s’apparente à épiloguer sur les mécanismes de rente politique car elle suppose toujours ou presque un devoir moral envers quelqu’un pour sa contribution à notre ascension politique. Au Cameroun, cette pratique est d’autant plus vérifié qu’il est courant d’entendre parler de redevance ou de recherche de visibilité ou de prébende politique par des expressions comme « la créature du créateur », « le 9 de MK », « mouvement des biyaïstes »… Ces pratiques sont d’autant plus perceptibles qu’elles tendent à s’apparenter au folklore politique tant ses bases doctrinales semblent difficiles à cerner et à définir. Cette volonté forte de marquer sa loyauté amène les associations politiques et les hommes politiques à user de toutes les ressources et stratégies disponibles pour marquer le leader politique et lui témoigner de sa reconnaissance éternelle. Il en est ainsi de ces fortes mobilisations des militants du parti au pouvoir, le RDPC, par l’appareil décisionnel du parti ou même parfois des hauts cadres d’administration pour accueillir le chef de l’État aussi lors de son embarquement que de son débarquement d’avion à l’occasion des visites officielles ou privées qu’il a l’habitude d’effectuer. Cela a pour but de témoigner auprès du chef de l’état non seulement la loyauté de l’organe dirigeante de son parti mais aussi celui de ses plus proches collaborateurs. Ceci induit dès lors un mélange voire une imbrication entre les affaires publiques et les affaires privées de l’État au point où il est difficile de dissocier le comportement des militants du parti au pouvoir de celui des agents de l’État. En s’appuyant sur la sociologie des mobilisations de Norbert Elias et des habitus de Pierre Bourdieu, cet article a pour ambition de questionner les travers d’un loyalisme exacerbé dans le paysage politique camerounais. Il est aussi question dans le présent papier de s’interroger sur les mécanismes de loyauté utilisés par les hommes politiques au Cameroun ainsi que des rentes politiques que cette loyauté rapporte aussi bien au niveau des hauts responsables du parti, le RDPC, que des militants qui agrémente très souvent le chef de l’État des chants pamphlétaires à ces occasions.
Mots clés : politique, folklore, loyauté, mobilisations, Cameroun.
Gestion de proximité des autochtones pygmées au Cameroun. Contexte et prétexte d’une administration coloniale
Nathanaël Assam Otya’a, Ph.D. École Normale Supérieure de Bertoua
Pour les autorités de l’État camerounais, le souci de faire des groupes Pygmées une composante intégrée à la dynamique développementaliste de la Nation est présent dès la première décennie ayant vu l’atteinte à la souveraineté internationale. En effet, c’est en 1968 que les pouvoirs publics disposent de l’ « Opération mille pieds » pour entamer, et ce pour la toute première fois, une action politico-administrative sur les Pygmées. Lors de cette opération, les équipes déployées sur le terrain exercèrent sur les populations baka, seul groupe pygmées concerné par cette initiative, un suivi administratif et technique dont les résultats mitigés, ayant visé la sédentarisation des Pygmées, conduisirent à l’abandon du programme. Par la suite, de nombreux autres programmes connurent le déploiement sur le terrain des équipes de personnels administratifs affecté à la conduite de projets consacrées aux Autochtones pygmées, jusqu’à la mise sur pieds du Plan de Développement des Peuples Pygmées (PDPP) en 2007.
Avec le PDPP, l’action de l’Etat va se faire plus structurée et plus précise quant aux buts recherchés. Par exemple, en puisant dans l’existant institutionnel, une double tutelle technico-administrative est attribuée au programme, des axes stratégiques indiquent les priorités et les attentes spécifiques, des allocations budgétaires particulières sont données, mais surtout, une administration distincte est mise en place à travers les Services d’Action Sociale (SASO) pour opérationnaliser les orientations formulées par l’Etat sur toute la durée du Plan. Ainsi, en s’octroyant comme aspiration de développer les Pygmées par le bras d’une administration dédiée, et en ignorant les exigences d’une condition autochtone clairement capitalisée par le droit international, l’État du Cameroun crée les conditions de l’émergence du colonialisme interne en son sein. A cet effet, afin d’appréhender les tenants et les aboutissants d’une administration politico-administrative des Pygmées opérant sur le ressort de la colonisation au Cameroun, la présente étude se propose d’examiner les clauses contextuelles dans lesquelles évoluent les Services d’Action Sociale, ainsi que les « obligations » prétextées pour permettre à cette administration de contribuer à asseoir dans « l’illégitimité » une bureaucratie coloniale.
Mots clés : Colonisation, administration coloniale, Pygmées, développement, Cameroun.
L’administration publique camerouunaise face a ses errements. Cas de la corruption et de l’arnaque des usagers
Marie Julien Danga, Ph.D. Histoire des Relations Internationales, Université de Yaoundé I, Cameroun
La gestion de la chose commune à tous demeure primordiale dans les États africains postcoloniaux. Car plusieurs goulots d étranglements subsistent et accentuent le fossé au quotidien. C’est le cas de la corruption, du népotisme et des pots- de -vin. C’est ce qui justifie le présent projet à communication intitulée: » L’administration publique camerounaise face à ses errements: cas de la corruption et de l’arnaque des usagers « . Une telle situation pose le problème de la place de l’usager dans la fonction publique camerounaise face à la corruption et l’arnaque. A cet effet, quelle est la perception de la corruption, des pots-de-vin dans la fonction publique camerounaise? En d autre terme, quelle est la relation étroite qui existe entre les pratiques de corruption et la mal-gouvernance dans les États africains, cas du Cameroun? Cette étude ambitionne de montrer les faiblesses de l’État du Cameroun dans sa stratégie d’offrir un service public proactif et gratuit aux usagers, dans un contexte marqué par un processus d’informatisation des dossiers d’intégration , de prise en charge financière et d’avancement de carrières dans la fonction publique Camerounaise. Cette réflexion déchire le rideau sur les silences, les non-dits, des différentes formes de corruptions à partir des témoignages oraux et récits de vies des victimes de ce fléau qui ont l’expérience dans les années 2018-2020.
Mots clés: Cameroun, corruption, fonction publique, usager, népotisme.
La propagande panafricaniste dans les espaces publics au Cameroun. Entre « dé/néocolonisation » du discours, loyauté institutionnelle et immobilisme gouvernant
Alphonse Zozime Tamekamta, Ph.D. Histoire des relations internationales, Université de Yaoundé I
L’histoire du Cameroun, probablement méconnue, laisse transparaître des séquences douloureuses marquées par une mobilisation corporatiste des jeunes, de type « révolutionnaire ». En effet, le mode opératoire de l’Union des populations du Cameroun -UPC- (entre 1955 et 1971), le foisonnement des groupes d’autodéfense ethno-régionalistes (Essigan, La’akam) à l’université de Yaoundé (1990-1992), les émeutes de la faim (février 2008), etc. peuvent s’interpréter comme l’expression du rapport tendu entre gouvernants et gouvernés. Bien que cela relève d’un passé récent parfois surdéterminé, il se forge dans les espaces publics et privés, de nos jours, un discours aux effluves panafricanistes. Celui-ci, très mobilisateur et à l’opposé du discours antérieur, s’inscrit dans un environnement marqué à la fois par les intentions populaires dé-coloniales et le souci de reproduction du souverainisme et de l’immobilisme gouvernant.
En clair, les crises libyenne et ivoirienne, les critiques acerbes contre la Cour pénale internationale, la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, les récriminations (mauvaise gouvernance, non-respect des droits de l’homme, absence d’alternance, etc.) de la communauté internationale au Cameroun, curieusement, constituent la base référentielle et structurent la psychologie permanentent revendicatrice d’une identité africaniste opposable au Nord. Ainsi, les stéréotypes culturels, les codes esthétiques, les référents littéraires ou scientifiques, fondent le discours des journalistes, des intellectuels et des hommes politiques ; ceux-ci procédant par indignation du « complot extérieur » pour mobiliser le peuple autour des gouvernants.
Ceci étant, quels sont les déterminants du discours panafricaniste camerounais ? Quels en sont les enjeux et comment s’articulent-ils au passé, au présent et à l’avenir du Cameroun? Autrement dit, ce discours est-il porteur de rupture avec le Nord ou est-il simplement conservateur du présidentialisme camerounais?
Cette contribution se propose de réfléchir sur les formes plus ou moins durables, structurées et collectives, du discours collectif et panafricaniste ainsi que de la loyauté imposée dans les espaces publics et privés au Cameroun. Ainsi, il s’agit de mettre en évidence les figures de cet engagement et d’analyser les formes/supports d’expression de la contestation des rapports avec le Nord (dé-néo-colonisation) et de reproduction du statu quo gouvernant (immobilisme).
Mots clés : panafricanisme, discours, mobilisation, contestation, immobilisme, Cameroun.
Enregistrement vidéo :
P4. Loyaute-Politique-Morale : Conceptions, perceptions et réalités en contexte africain
P12. Les valeurs politiques en mutation ? Approches comparatives, spatiales et longitudinales en Amérique du Nord et en Europe
Responsable: Kristoff Talin, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) (christophe.talin@univ-lille.fr)
Résumé de l’activité
Dans des sociétés occidentales marquées par le sceau de l’individualisation, les institutions politiques traditionnelles (partis politiques, syndicats…) semblent moins à même de réguler les valeurs et les actions politiques. Les recherches sur les valeurs des individus prennent alors tous leurs sens. Les enquêtes comparatives, sur le plan international, se sont ainsi développées depuis plusieurs décennies. Si les World Values Survey (WVS) sont les mieux identifiées – tant par leur thématique que par leur ampleur – deux autres dispositifs d’envergure méritent l’attention. Les Eurobaromètres représentent le protocole comparatif le plus ancien puisque la première enquête date de 1973. Depuis, tous les six mois, un échantillon national de chaque pays de l’Union européenne est interviewé sur ses valeurs européennes, politiques et sociales. L’International Social Survey Programme (ISSP) est un consortium d’une cinquantaine de pays qui développe chaque année, depuis 1984, un thème particulier parmi onze. Les thèmes plus spécifiquement politiques (identité nationale, rôle du gouvernement et citoyenneté) ont chacun fait l’objet de plusieurs enquêtes, ce qui autorise une analyse longitudinale des résultats. Chacun de ces trois dispositifs d’enquête présente des originalités, des intérêts et des limites, mais tous permettent de réaliser des analyses comparatives sur les valeurs politiques des individus.
Le panel « Les valeurs politiques en mutation ? Approches comparatives, spatiales et longitudinales en Amérique du Nord et en Europe » propose donc d’accueillir des communications comparatives – exclusivement à partir d’analyses de données quantitatives – sur les valeurs politiques soit dans une dimension longitudinale, soit dans une dimension territoriale : • grâce à la dimension temporelle, l’analyse longitudinale fournira des éléments sur la stabilité des valeurs politiques sur une période de trente ans. La reproductibilité des différents indicateurs sur une telle période – même si elle est soumise à discussion – a montré sa pertinence pour expliquer les différentes configurations de ces valeurs (Bréchon, Gonthier, Astor 2019). Le panel veut ainsi accueillir des communications monographiques ; • grâce à la dimension territoriale, l’analyse spatiale propose de comparer différentes entités géographiques à une même date afin de mesurer les effets de la « mondialisation » sur l’homogénéisation des valeurs politiques ou, au contraire, de souligner l’importance des contextes « géographiques » pour expliquer les différentes persistantes entre les territoires considérés. Si la comparaison entre différents pays apparaît comme une évidence, les communications reposant sur des approches infranationales sont aussi les bienvenues. Dans des pays avec de fortes identités régionales, les valeurs politiques peuvent être marquées du sceau de la différence. Nous pensons ici, entre autres aux exemples de l’Espagne, de la Belgique et du Canada (Talin, 2017) où la résurgence d’identités infranationales a des conséquences sur la diversité des valeurs politiques. Vu le caractère relativement novateur du panel, les communications peuvent s’inscrire dans une perspective descriptive – en mettant à jour l’évolution des valeurs politiques – ou tenter une analyse explicative – en identifiant des critères susceptibles d’expliquer ces évolutions (influence de la religion ou de la langue par exemple).
Panelistes
– Une communauté d’intérêts francophone transfrontalière? Implications pour la convergence de valeurs, Antoine Bilodeau, André Lecours, Sean Müller, François Rocher
– Des valeurs politiques comparables au Québec et dans le reste du Canada? Analyse longitudinale à partir des World Values Surveys (1999-2019), Kristoff Talin
– Appartenances territoriale, politique, historique : la multi-dimensionalité des identifications des Serbes au Kosovo, Emilie Fort, Durham University, UK
Enregistrement vidéo :
P12. Les valeurs politiques en mutation ? Approches comparatives, spatiales et longitudinales en Amérique du Nord et en Europe
P15. L’identité nationale et ses implications au Québec et ailleurs : Perspectives majoritaires et minoritaires
Responsable: Antoine Bilodeau, Université Concordia (antoine.bilodeau@concordia.ca)
Résumé de l’activité
La recherche démontre qu’autant l’intensité que la conception de l’identité nationale exercent une influence importante sur l’opinion publique, et ce pour toute une gamme d’enjeux, allant des opinions envers la diversité et l’immigration (Citrin et coll., 2012; Wright 2011; Bilodeau et Turgeon 2021; Bilodeau et coll. 2021; Gagnon 2021) au soutien aux politiques de redistribution (Theiss-Morse 2009) et à la politique étrangère (Kunovich 2009). Par contre, bon nombre de ces études concernent les groupes majoritaires; peu ont regardé les conséquences de l’identité nationale du groupe majoritaire pour les groupes minoritaires ou encore les perceptions de l’identité nationale par les membres des groupes minoritaires (Simonsen 2016). De plus, peu d’études ont porté attention aux dynamiques propres au Québec et aux autres nations minoritaires où l’identité nationale peut jouer un rôle prépondérant. Ce panel propose une série de présentations discutant de la construction de l’identité nationale et de ses implications autant pour le groupe majoritaire que pour les groupes minoritaires.
Panelistes
– L’intégration de l’identité majoritaire et des identités minoritaires : l’exemple de l’acceptation des musulmans par les Québécois francophones, Mathieu Caron-Diotte et Roxane de la Sablonnière (Université de Montréal).
– Le nouveau nationalisme identitaire de la CAQ : vers un contrôle des frontières imaginées de la nation québécoise, Audrey Gagnon (Université d’Oslo), Catherine Xhardez (Vrije Universiteit Brussel) et Antoine Bilodeau (Université Concordia).
– Identité québécoise et attitudes envers les autochtones, Colin Scott, Antoine Bilodeau (Université Concordia), Luc Turgeon (Université d’Ottawa) et Laurence Lessard-Phillips (Université de Birmingham)
– Les Frontières imaginées au Québec. Les perceptions des immigrants de 1ère et 2e générations et leurs conséquences, Antoine Bilodeau (Université Concordia) et Kristina Bakkær Simonsen (Université d’Aarhus).
– La représentation des préférences des groupes minoritaires en politique québécoise, Éric Desrochers et Benjamin Ferland (Ottawa University)
Enregistrement vidéo :
P15. L’identité nationale et ses implications au Québec et ailleurs : Perspectives majoritaires et minoritaires
P5. Les pratiques bureaucratiques africaines : Entre opprobre, clientélisme et dysfonctionnement du service public
Responsable: Sidick Kouotou Aboubakar, Université de Yaoundé 1 (sidickkouotouaboubakar2022@gmail.com)
Responsable adjoint : Darus Sidoine Keunang, Université de Douala (keunang3@yahoo.fr)
Résumé de l’activité
L’administration publique africaine postcoloniale, au confluent des héritages juridiques coloniaux (allemand, anglais et français, belge, portugais, etc.) auxquels se sont agrégées les coutumes ancestrales, est aujourd’hui à la croisée des chemins. Profondément marquée par la période de déchirure interne (1960-1970), la restructuration post-autoritaire (1970-1990 et plus tard) et le clientélisme bedonnant, l’administration publique de la plupart des pays africains échappe au format classique. Les pratiques bureaucratiques, elles aussi, malgré les textes et formes de procédure en vigueur, s’avèrent particulières. En effet, celles-ci, dans leur fonctionnement, ont fait émerger, de façon pérenne, des pratiques scélérates : privatisation de l’appareil d’État et du service public ; faible autonomie des agents publics ; monopolisation politique de la formulation des tâches administratives ; achat des services; interactions clientélistes entre usagers et agents publics, etc. Aussi, la dialectique de la domination, de la soumission et de l’affectivité ou la quête permanente de notabilité sociale sous fond de rémanence autoritaire sont-elles les caractéristiques qui ont plombé l’administration publique de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Au Cameroun, par exemple, compte tenu de la tendance autoritariste de la bureaucratie et du faible rendement des services publics, le chef de l’État avait commis, en 1983, une mission dite « Mission Zambo », du nom du ministre de la fonction publique de cette époque. Celui-ci avait reçu mandat de recueillir les récriminations des Camerounais à l’encontre de leur Administration et de faire des suggestions pour en améliorer le rendement. Le Programme national de gouvernance et de lutte contre la corruption (validé en juin 2000), dans ce sillage, vise des objectifs similaires. Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, à des périodes plus ou moins différentes, ont mis en place des cadres similaires, sans que le résultat probant ne puisse garantir l’efficacité de la gouvernance des sévices publics. Compte tenu de l’acuité des pratiques bureaucratiques peu rentables en contexte africain où s’entremêlent autoritarisme, corruption, opprobre et délation, ce panel est bâti autour de la problématique suivante : Comment la bureaucratie est-elle conçue, perçue et exécutée en Afrique subsaharienne? S’accommode-t-elle au service public de masse dont elle est tributaire ou s’en éloigne-t-elle ? Mots clés : Bureaucratie, pratiques, corruption, opprobre, clientélisme, Afrique.
Panelistes
a) Gaston donnat et le « cercle d’études marxistes » de Yaoundé. Petite histoire du nationalisme et de la bureaucratie camerounaise
Alphonse Zozime Tamekamta, Ph.D. Histoire des relations internationales, Université de Yaoundé I, Yaoundé-Cameroun
A maints égards, l’histoire du nationalisme camerounais est étroitement liée à : la colonisation française, au cercle d’études marxistes de Yaoundé et à Gaston Donnat. En effet, c’est au sein du « cercle d’études marxistes » de Yaoundé sorte d’espace de réflexion clandestin en pleine forêt équatoriale, que les premiers camerounais ont été initiés à l’idéologie communiste et aux pratiques anti-impérialistes. Gaston Donnat, instituteur et communiste (membre du parti communiste français) arrivé au Cameroun le 10 avril 1944, instigateur et animateur de ce « cercle d’études marxistes » eut le courage (l’outrecuidance) dans un tel contexte, de former les premiers nationalistes (aux côtés des autres Français Maurice Soulier et Lalaurie). Les premiers bénéficiaires de cette formation clandestine, élèves de l’école primaire supérieure de Yaoundé et fonctionnaires de l’administration coloniale, seront les acteurs du progressisme camerounais. Au sujet du lien entre les membres du « cercle d’études marxistes » de Yaoundé et ceux du cercle d’études marxistes de Douala, Gaston Donnat affirmait dans un ouvrage-témoignage : « J’insiste sur le fait qu’il s’agissait des communistes isolés, qui au départ, n’avaient pratiquement aucune liaison avec le Parti français. Ils ont agi de leur propre initiative et dans des formes correspondant aux problèmes locaux auxquels ils étaient confrontés […]. Ce n’est qu’en 1946 que ces groupes ont bénéficié d’une aide idéologique de Paris ».
Le « cercle d’études marxistes » de Yaoundé, incubateur du communisme camerounais, s’inscrivait dans la continuité de l’histoire en matière de formation des militants des partis communistes dans le cadre de l’école des cadres dont la première fut créée en 1911 à Longjumeau à l’initiative de Lénine. Cette vérité et cette séquence historique, moins connue de la jeune génération des chercheurs et intellectuels camerounais, mérite une attention particulière. Car, il est d’un grand intérêt scientifique et historique de questionner aujourd’hui la relation ayant existé entre le parti communiste français (PCF), le « cercle d’études marxistes » de Yaoundé et l’UPC (Union des populations du Cameroun), premier parti politique d’obédience communiste né le 10 avril 1948. Aussi, est-il fort utile d’interroger le rôle joué par les communistes français et plus singulièrement le « cercle d’études marxistes » de Yaoundé dans la formation syndicale et politique au Cameroun français entre 1944 et 1960. Ainsi, qui est Gaston Donnat et quelle est sa contribution au sein du « cercle d’études marxistes » de Yaoundé ? Quelle en a été la rentabilité sur le mouvement syndicale et politique au Cameroun avant 1960 ainsi sur sr la gestion des affaires publiques ?
Mots clés : Cameroun, colonisation, Gaston Donnat, marxisme, communisme, décolonisation.
b) Le clientelisme, une pratique bureaucratique rentable au sein de l’administration publique camerounaise : Le cas du MINESEC
Joseph Yannick Mbatchou, PhD, Université de Yaoundé I
L’objet de cet article s’intéresse au clientélisme, qui est l’une des pratiques bureaucratiques rentables au sein de l’administration camerounaise en général et au sein du MINESEC en particulier. Ce d’autant plus que, ladite structure est considérée comme l’un des ministères qui regorge les 1/3 des ressources humaines de la fonction publique. Les administrateurs nommés aux différents paliers de gestion de cet établissement appliquent un service public peu classique, voire sclérosée depuis la décennie 1990 et qui laisse l’usager sur sa faim. C’est le cas avec l’enseignant de terrain, le teacher, ce fonctionnaire en quête de solutions idoines aux problèmes qu’il rencontre tout au long de sa carrière. C’est dans ce chemin de croix que le clientélisme s’exprime le mieux. De nos jours, l’on assiste à une privatisation de cet appareil d’État par une minorité d’illuminés qui ont bâti pour slogan : clientélisme et corruption dans le suivi de carrière des enseignants. Ces pratiques bureaucratiques peu rentables et autoritaires ont pour but soit d’arrondir les fins de mois, soit de permettre aux administrateurs d’accéder à la notabilité sociale tant recherchée. De cette étude, l’on relève plusieurs résultats notamment le lien existentiel entre l’administration publique actuelle et celle érigée par les administrateurs coloniaux. Bien plus, les nominations triées à la carte, le favoritisme et la recherche effrénée du gain sont les avatars ayant rendu caduque toutes gestions de carrière des seigneurs de la craie dans un Cameroun qui se veut émergent à l’horizon 2035.
Mots clés : Service publique, pratique bureaucratique, clientélisme, corruption, enseignant.
c) Suivre son dossier » au Cameroun : Une scénarisation du comportement des agents dans l’administration publique camerounaise au prisme de la sociologie des Habitus
Fridolin Martial Fokou, Université de Dschang, FSJP
Au Cameroun, l’administration publique est régie par un ensemble d’institutions et de démembrements administratifs à l’effet de planifier, ordonner et coordonner les actes de carrières aussi bien administratives que professionnelles des agents de l’État. Cette mécanique est pourtant mise en difficulté par des technologies de fabrications administratives qui font que les agents publics ont de la peine à avoir des lisibilités et visibilités claires sur leur acte de carrière. Face à cela, une « technologie structurale » s’est progressivement installée dans les mécaniques de gestion et de suivi des carrières des agents de l’État au Cameroun. Ainsi, il est courant d’entendre dans le système administratif camerounais parler du « suivi des dossiers » par les agents publics. En l’absence des manuels de procédure claire et uniforme, ces derniers d’user des tous les stratagèmes divers et éparses pour trouver des solutions à leurs différents problèmes administratifs. Cette « routinisation », au sens Bourdieusien, des habitudes et des attitudes participe à installer le principe de « suivi du dossier » dans l’administration camerounaise comme une technologie sui generis de gouvernance administrative au Cameroun. Aussi, le présent article a l’ambition de questionner les tenants et les aboutissants de cette pratique bureaucratique qui entraine des effets pervers multiformes et multidimensionnels au point où l’agent public au Cameroun agit et réagit selon le principe de la « débrouillardise ». En prenant corps sur la sociologie des « Habitus », le présent papier entend in fine rendre compte aussi bien des effets de la ritualisation d’une pratique bureaucratique que de la routinisation des comportements des agents public dans l’espace public au Cameroun. Ceci permet ainsi de rendre compte de l’évolution des carrières administratives des agents de l’État comme d’une « scène théâtrale » où chaque agent est censé connaitre son rôle et mobiliser toutes les ressources à sa disposition pour réussir sa partition et donc pour la survie de la pièce de théâtre.
Mots clés : administration publique, agent public, État, habitude, pratique bureaucratique.
d) Les pratiques de corruption dans l’administration publique camerounaise : Cas de la règlementation des armes et des munitions (2014-2016)
Marie Julien Danga, Ph.D. Histoire des Relations Internationales, Université de Yaoundé I, Cameroun (juliendanga@gmail.com)
La question de la gestion saine du service publique en Afrique et au Cameroun demeure délicate. Dans un contexte où l’usager est soumis à plusieurs obstacles pour y avoir accès au service public. C’est ce qui justifie la présente intention à communication intitulée : « Les pratiques de corruption dans l’administration publique camerounaise cas de la réglementation des armes et des munitions (2014-2016) « . Une telle analyse pose le problème du non-respect d’une réglementation sur les armes et des munitions par les usagers, les forces de maintien de l’ordre (policiers, gendarmes) et les autorités administratives et coutumières (potentats, préfets, sous-préfets et gouverneurs) en charge de la délivrance des documents officiels en permettant l’achat, l’importation, la cession et la dotation des armes et des munitions au Cameroun. Ceci dit, quelles sont les différentes pratiques de corruption qui gangrènent, voire sapent la mise en œuvre et le respect de la réglementation sur les armes et des munitions au Cameroun ? Mieux-encore, peut-on soutenir une relation entre la criminalité transfrontalière, la corruption de la force publique et la dissémination illicite des armes e des munitions au Cameroun et par extension dans les pays limitrophes? Deux considérations théoriques sont convoquées. Il s’agit des politiques publiques sécuritaires ou la sécurité publique défendue par (Keith Kraus, Mvié Méka, Ole Waeve) qui soutiennent une responsabilité étatique dans le processus de sécurisation des Etats et des confins frontaliers contre les menaces sécuritaires. La théorie transnationaliste ou de « l’école de Copenhague », (de Nina Click Schiller, de Linda Basch).Elle situe les failles, des Etats dans la lutte contre la criminalité transfrontalière, des bandes armées responsables de la dissémination illicite (armes, diamant, l’extraction minière).La méthodologie convoquée est celle d’une exploitation des sources primaires et secondaires, pour ressortir les différentes pratiques de corruption dans la délivrance des permis de port d’armes, la contrebande, la cession irrégulière comme passe-droit dans les cheks-points de Forces de maintien de l’ordre.
Mots clés: Cameroun, corruption, administration, arme, réglementation.
e) La vidéosurveillance dans les services publics de sécurité: une stratégie banale de l’Etat voyeur
Emma Madi, Université de Maroua
La présente étude porte sur la vidéosurveillance dans les services publics de sécurité comme une stratégie de la banalité de l’Etat voyeur. En effet, l’analyse de la vidéosurveillance repose sur une vision téléologique d’un dispositif technologique politique qui renforcerait la prévention et la sécurité au moyen de la dissuasion. Mais, à l’observation, la vidéosurveillance ne prévient ni ne dissuade l’insécurité. Cette étude souligne la vidéosurveillance comme une stratégie de la banalité surtout de l’Etat voyeur. Dans cette perspective, la vidéosurveillance apparaît fondamentalement comme un dispositif stratégique de l’Etat voyeur qui travaille au renforcement de sa survie. En réalité, la vidéosurveillance est un dispositif omni visuel de l’Etat voyeur dont se servent les services de renseignements, qui agissent dans le secret. Le secret enveloppe régulièrement les résultats d’analyse des enregistrements de la vidéosurveillance, traduisant une certaine analité. La banalité se laisse ainsi découvrir comme une grille d’analyse de la vidéosurveillance eu égard au choix permettant de garder ou non le secret d’analyses des clichés des enregistrements, qui sont travaillés par des nuances, des subtilités qui se nichent dans les configurations des espaces publics. Ainsi, en envisageant un éclairage sur la vidéosurveillance, il s’agit de saisir sa banalisation par l’Etat voyeur comme une stratégie de sa survie. Dès lors, en quoi la vidéosurveillance dans les services publics de sécurité constitue une stratégie de la banalité de l’Etat voyeur ? En guise d’hypothèse possible à cette problématique ainsi posée et que nous vérifions dans ce travail, la vidéosurveillance constitue une stratégie de la banalité de l’Etat voyeur dès lors que qu’elle n’apporte aucune originalité à la prévention et à la sécurité d’une part, et d’autre part, à l’incapacité de la vidéosurveillance à transformer l’identifié citoyenne face à la menace dans les espaces publics.
f) Modèles de tolérance, démocraties africaines et multiculturalisme
Schaller Jean Kakmeni Yametchoua, Université de Douala
Dans notre réflexion, il est question de partir du cadre théorique que nous offrent les analyses de Charles Taylor et Will Kymlicka sur l’exercice de la tolérance démocratique telle que formulée dans les sociétés multiculturelles notamment les débats philosophiques soulevés par la question liée à la gestion publique de la politique de reconnaissance des différences d’identité culturelle afin de penser la gestion politique de l’hétérogénéité ethnoculturelle dans l’État postcolonial d’Afrique et, d’évaluer les modèles de tolérance proposés. En associant la démocratie avec l’engagement en faveur de la tolérance, « la raison réside dans les processus démocratiques en tant que négociation perpétuelle sur le sens à donner à l’exigence de tolérance » (Bjarne Melkevik, 2014 : 271). A cet effet, le multiculturalisme invite à « trouver des solutions moralement légitimes et politiquement viables » (Will Kymlicka, 2001 : 9) aux discriminations liées à l’appartenance à des minorités ethniques et culturelles, ceci en tenant compte des principes d’autonomie, d’égalité et de participation. Le modèle de tolérance qu’il engendre participe au progrès social, la régulation des conflits, la coexistence pacifique, la refondation du lien social. Ainsi, la tolérance désigne « prise en compte des différences ethniques et nationales (…) élément d’une lutte plus globale visant à instituer une démocratie plurielle » (Will Kymlicka, 2001 : 38). Elle est « la clé de voûte des droits de l’homme, du pluralisme (y compris le pluralisme culturel), de la démocratie et de l’Etat de droit » (Unesco :1995). Sans vouloir prétendre exporter et adopter aveuglement le modèle de tolérance de la gestion des identités ethnoculturelles, notre projet vise à concevoir un modèle de tolérance singulier et alternatif en rapport avec la forme de l’Etat démocratique qui intègre la référence communautariste africaine et/ou la référence libérale multiculturelle, interculturelle. En réalité, il s’agit de « repenser l’État et préserver la tribalité » (Pascal Touoyem, 2014 :177), de soumettre l’ethnicité à la citoyenneté démocratique et aux impératifs de l’éthique du vivre-ensemble (Lucien Ayissi, 2008), d’envisager « la justice ethnique comme fondement de la paix » (Ernest-Marie Mbonda : 2009), de trouver une réponse appropriée aux inégalités et aux tensions ethniques, politiques, religieuses qui minent les Etats Africains et hypothèquent son développement. Quel modèle de tolérance devons-nous envisager pour nos Etats sans compromettre la coexistence pacifique et la compacité de l’État au regard du mythe de l’Etat-nation, de l’autoritarisme, des velléités hégémoniques et des replis identitaires, des guerres civiles larvées ? La défense du modèle de tolérance notamment envers les particularités culturelles ne constitue-elle pas une réponse appropriée aux tensions et aux inégalités qui minent les Etats Africains ? Comment rendre effectif l’exercice de la tolérance en conciliant le paradigme libéral multiculturel et le paradigme africain communautariste tel que pensé dans les traditions et en partie formulé dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ?
Mots clés : démocratie, tolérance, politique de reconnaissance, multiculturalisme, Etat postcolonial
Enregistrement vidéo :
P5. Les pratiques bureaucratiques africaines : Entre opprobre, clientélisme et dysfonctionnement du service public
P22. Une « appropriation » des valeurs et des revendications féministes?
Responsables: Marion Leboucher, Université de Montréal (marion.leboucher@umontreal.ca)
Fella Hadj Kaddour, doctorante en science politique à l’Université de Montréal, CAPED.
Marion Leboucher, doctorante en science politique à l’Université de Montréal, CAPED.
Agathe Lelièvre, doctorante en science politique à l’Université de Montréal, CAPED.
Cécile Talbot, doctorante en science politique à l’Université de Lille, CERAPS.
Elena Waldispuehl, doctorante en science politique à l’Université de Montréal, CAPED.
Résumé de l’activité
Les « valeurs » féministes feraient aujourd’hui partie intégrante de nombreuses politiques étatiques et internationales comme en témoigne la reprise de ces revendications au sein de différentes institutions dans de nombreux secteurs d’activité tels que la lutte contre les violences ou encore la place des femmes dans les politiques de développement international. Ces enjeux, nationalement, semblent néanmoins cristalliser des conflits de « valeurs », ce que révèle la convergence de plusieurs mobilisations haineuses et un fort backlash antiféministe autour de « l’intersectionnalité des haines » (Bard, 2019). Or, cette lecture délaisse souvent les dimensions structurelles et le rôle de l’État au sein de ces conflits. En science politique, l’intégration des revendications féministes a principalement été analysée sous l’angle de l’institutionnalisation en relevant la porosité des frontières entre l’État et les mouvements sociaux (Banaszak 2009 ; Blanchard et coll. 2018).
Toutefois, d’autres travaux ont démontré que des enjeux liés aux droits des femmes ont aussi fait l’objet d’instrumentalisation de la part des institutions au nom de politiques sécuritaires, racistes, ou néolibérales, que ce soit pour justifier la mise en place de politiques xénophobes (Farris 2017), ou encore en racialisant le sexisme dans les débats autour de la laïcité et de l’immigration (Arab, Gouyon et Moujoud 2018). De la même manière, l’enjeu de la protection des femmes contre les violences sexistes et sexuelles constitue de plus en plus un argument pour renforcer un système punitif (re)producteur de violences (Bernstein 2012 ; Maynard, 2018).
Pour mieux comprendre ces processus de récupération des enjeux féministes, les communications de ce panel analysent ces phénomènes d’appropriations des valeurs et des enjeux féministes. En tant que concept en études de genre, l’appropriation décrit la forme spécifique d’exploitation des femmes dans la société capitaliste patriarcale (Kergoat 2012). Cette définition initialement appliquée au travail peut être élargie comme « l’usage d’un groupe par un autre pour améliorer sa condition ou assurer sa survie » (Guillaumin 1978, 10). Cet usage peut s’étendre aux groupes minoritaires eux-mêmes, à leur travail et à leur corps, mais aussi aux idées et aux luttes qu’ils produisent. Les communications ont pour but d’enrichir la compréhension de l’évolution des féminismes et des rapports entre groupes minoritaires mobilisés et États au prisme d’une analyse matérialiste renouvelée du politique.
Panelistes
a) Logiques carcérales et sécuritaires: entre réforme, récupération et résistance, Béatrice Châteauvert-Gagnon, Université York
b) La politique d’instrumentalisation du féminisme en France sous Macron, Liza Hammar, Université du Québec à Montréal
c) L’ennemi principal, est-il féministe ?, Leila Benhadjouja, Université d’Ottawa
Enregistrement vidéo :
P22. Une « appropriation » des valeurs et des revendications féministes?
P17. La politique africaine face aux valeurs universelles et aux velléités identitaires
Responsable: Gilbert Mbassa, Université de Dschang/Cameroun (g.mbassa@yahoo.fr)
Résumé de l’activité
L’Afrique est-elle en marge du dynamisme des mœurs sociétales ? Cette préoccupation suscite immédiatement une kyrielle d’interrogations allant dans tous les domaines et les sensibilités intellectuelles. Ainsi, face aux multiples changements observés dans le monde entier, constat est fait que les pays émergents en général, l’Afrique en particulier n’est pas en reste. En effet, les mutations relatives à la perception et l’implémentation tropicalisée de la politique sont une réalité. Se produisant dans un contexte différent de celui des pays développés, la problématique actuelle demeure celle la présentation de la quintessence de l’influence des valeurs universelles telles que la démocratie, le développement, la justice, la paix, la mondialisation…couplées aux velléités identitaires sur la politique en Afrique. Comment les valeurs universelles et les velléités identitaires impactent-elles sur la politique en Afrique ? Il est fondamentalement question de disséquer les rapports de collision et de collusion entre valeurs, identité et politique dans le contexte africain. Il sera donc utile d’appréhender les approches de politique identitaire africaine, de valeurs politiques africaines et de politique de valeurs en Afrique. Suivant une méthodologie axée sur les méthodes sociologiques, juridiques, historiques et comparatives, une analyse méticuleuse de l’étude permettrait de cerner pleinement la thématique.
Panelistes
Moderation du panel, Gilbert Mbassa, Université de Dschang/Cameroun
– La construction de la démocratie, des droits de l’homme et de l’Etat de droit au Cameroun par la France et les Etats-Unis, à l’épreuve des identités nationales, Ange Joachim Menzepo, (Politiste) Université de Dschang/Cameroun, Panéliste et Co-présentateur
– La contribution de la région à statut spécial à la résolution de la crise identitaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, Julien Elongo, (Juriste publiciste) Université de Ngaoundéré/Cameroun
– L’Afrique au carrefour des mutations idéo-stratégiques et du machiavélisme ethnocentrique occidental, Serge Lemana Onana, (Philosophe) Université de Dschang/Cameroun, Panéliste
– La politique criminelle camerounaise de lutte contre la haine et la xénophobie, Chrystelle Alomo Nomo, (juriste pénaliste) Université de Yaoundé II/Cameroun, Panéliste
– La politique africaine de développement et de consolidation de la paix : les programmes de Désarmement, Démobilisation et Reconstruction (DDR) en Afrique, Samira Noura, (Juriste internationaliste) UQAM/Canada, Panéliste.
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P17. La politique africaine face aux valeurs universelles et aux velléités identitaires
P8. L’État agile Comment les infrastructures technologiques transforment-elles les services publics en Afrique ?
Responsables:
Georges Macaire Eyenga, WISER, University of Witwatersran (georges.eyenga@wits.ac.za
Carole Bignon, CESSMA (Paris 7), IDEMEC, Aix-Marseille Université (carolebignon@hotmail.fr)
Maude Jodoin Leveillee, GIERSA, Université de Montréal (maude.jodoin.leveille@umontreal.ca)
Résumé de l’activité
Les dynamiques de l’État occupent une place centrale dans les études africanistes depuis les années 1960. Ces études rendent compte du développement de l’État, de ses logiques de domination, de son extraversion, de son investissement par le capitalisme mondialisé et des diverses subjectivités qui l’animent. L’une de ces réflexions a porté sur la manière dont l’administration publique se réforme pour améliorer la délivrance des services. Ces études ont montré que la recherche de « la performance » est rendue possible grâce à la « bureaucratisation » et le « Nouveau Management Public ». Cependant, l’avènement du digital bouleverse l’économie des services publics et invite à penser la manière dont l’usage des technologies réinvente la bureaucratie. La digitalisation met en évidence ce que nous appelons « l’État agile » en tant que nouveau paradigme de l’État en Afrique. Il s’agit d’abord de prolonger les réflexions qui articulent la mondialisation, les organisations publiques et la gouvernance, mais en mettant l’accent sur l’appropriation administrative des artéfacts digitaux. Il s’agit aussi de saisir les formes que prennent ces services publics à l’ère du digital. Forgé dans les Computational sciences, plus particulièrement au sein des projets informatiques, puis importé dans les sciences managériales, « l’agilité » désigne la capacité d’une organisation à prospérer dans un marché en réagissant rapidement et efficacement aux évolutions. « Devenir agile », c’est opérer un changement de mentalité et de stratégie pour innover dans des contextes en constante évolution. Il ne s’agit pas simplement pour une administration de se réformer, mais de le faire rapidement. Bien qu’il existe une érudition sur la digitalisation en Afrique ; peu de réflexions articulent ce processus global à la question de la réforme de l’État. En revanche, les réflexions qui analysent les représentations forgées par digital témoignent du besoin de discuter du devenir agile de l’État en Afrique. En se constituant comme un laboratoire, l’État en Afrique construit au moyen du digital, sa capacité à réagir rapidement face à la vitesse des transformations sociales. Il fait ainsi le choix de devenir « agile » en tirant profit des infrastructures technologiques nécessaires à la réinvention du service public et à l’accélération de son processus de développement durable. « L’État agile » renvoie donc à un État qui s’adapte rapidement aux évolutions au moyen de l’utilisation des technologies digitales et d’un management adapté aux contextes dynamiques. En Afrique, chaque gouvernement a adopté un agenda de transformation digitale couvrant tous les secteurs d’activités. Cette mobilisation du digital s’est accentuée avec la pandémie du Covid-19. La digitalisation de l’État trouve sa caution dans le besoin d’accélérer la délivrance des services dans un contexte où l’explosion démographique intensifie le travail administratif. Le but de ce panel est donc d’analyser la capacité de ces administrations africaines à répondre aux besoins croissants des usagers. Quelles pratiques agiles les services publics adoptent-ils ? Comment le digital modifie-t-il la délivrance des services aux usagers ? Qui construit l’agilité de l’État et suivant quelles logiques ? Quelles sont les subjectivités numériques en contexte d’agilité ?
Panelistes :
– Digitalisation des services publics de l’identité nationale et lutte contre la corruption. Le cas du passeport au Cameroun, Jean Daniel Bombela, Politologue, Université de Yaoundé II
– E-administration au Cameroun : entre agilité de l’État, modernisation du service public et résistance au changement, Aristide Menguele Menyengue, Politologue, Université de Douala
– La digitalisation de la fiscalité et le développement économique en Afrique, Claude Vanina Bodo Bella, Politologue, Université de Douala
– Agilité de l’État en Afrique et renforcement de la cyber-sécurité. L’apport de la coopération multilatérale, Guy Mvelle, Professeur de relations internationales, Université de Dschang
Enregistrement vidéo :
P8. L’État agile Comment les infrastructures technologiques transforment-elles les services publics en Afrique ?
P6. Contrer l’extrémisme violent et bâtir des sociétés résilientes au Sahel. État des lieux et perspectives
Responsable: Adamou Machou Pare, Université de Yaoundé I (adam.paref@aol.fr)
Résumé de l’activité
Le Sahel est une région de l’Afrique occidentale et une zone semi-désertique qui donne directement à l’Afrique subsaharienne. Il couvre une superficie d’environ 5 millions de km2 avec une population d’environ 90 millions d’habitants (Bassou, 2017). Ce vaste ensemble présente de nombreux paradoxes au plan socio-économique. En novembre 2018, l’Institute for Economics and Peace (IEP) a publié l’indice du terrorisme mondial, issu d’une recherche et d’un classement des pays-cibles. Il en ressort que le Nigéria (3e mondial) est présenté comme à très haut impact du terrorisme. Le Mali (22e mondial) et le Niger (23e mondial) y sont présentés comme des pays à fort impact du terrorisme. Le Burkina Faso (37e mondial) et le Tchad (38e mondial) sont des pays à impact intermédiaire. L’Algérie (54e mondial) et la Côte d’Ivoire (63e mondial) sont à faible impact alors que la Mauritanie (149e mondial) est à très faible impact (Institute for Economics & Peace). Par ailleurs, l’avènement de Boko Haram aux frontières communes des pays de la moitié sud du Sahel (Nigéria, Tchad, RCA et Cameroun) ainsi que les exactions de grande ampleur qui en résultent, depuis plusieurs années, ont permis de mettre en relief trois catégories de pays : les pays-épicentre (Nigeria) ; les pays collatéraux (Cameroun et Tchad) et les pays à risque (RCA). Ceci est d’autant important que ces pays figuraient parmi les pays les plus exposés à l’extrémisme violent au regard du nombre d’attaques terroristes, comptabilisé par le PNUD entre 2006 et 2015. Ainsi, Boko Haram a fait, pour la seule année 2014 : 453 incidents (contre 1 071 pour Daesh) ; 1 742 blessés (contre 5 799 pour Daesh) et 6 644 morts (contre 6 073 pour Daesh). Au regard de ce qui précède, Boko Haram, appendice de l’extrémisme violent au Sahel, est devenu le groupe terrorisme le plus mortel au monde.
L’acuité de ce phénomène aux frontières des pays-cibles, recrutant prioritairement les jeunes, et son penchant djihadiste offre l’occasion d’analyser la question en profondeur. Plutôt que de faire une étude historique et séquentielle de l’extrémisme violent, cette étude se propose d’analyser l’incidence négative de l’engagement et de la radicalisation du profil jeune dans le délitement sociopolitique des pays concernés. Ceci étant, comment se sont construits et s’entretiennent, sur la longue durée, l’extrémisme violent et la conflictualité pendulaire au/autour du Sahel ? Les réponses (militaire et politique) apportées sont-elles susceptibles de garantir la paix sociale, la stabilité politique, la résilience et le développement sur ces périphéries territoriales ?
Mots-clés : Extrémisme, violence, jeunes, résilience, Sahel.
Panelistes
a) La prévention de l’extrémisme violent et les questions autour de la paix en contexte humanitaire : cas de la crise Boko Haram dans le bassin du lac Tchad entre acteurs, stratégies et enjeux
François Wassouni (wassounifrancois@gmail.com), Alexis Kangatlam (kangatlama2000@yahoo.fr), Université de Maroua/Cameroun
Le déclenchement de la crise sécuritaire Boko Haram dans le Bassin du Lac Tchad, notamment au Cameroun depuis 2013 a donné lieu à un déploiement humanitaire sans précédent dans cette région, avec d’une part les organisations du Système des Nations Unies et d’autre part les organisations de la société civile d’obédience locale, nationale et internationale. Si les interventions des uns et des autres dans ce contexte d’urgence ont consisté à apporter des appuis en termes de nourriture, de soins, d’abris et d’éducation pour les populations éprouvées, il n’en demeure pas moins vrai qu’une attention a été également accordée aux questions relatives à la prévention de l’extrémisme violent, la cohésion sociale et la promotion de la culture de la paix manifestes à travers plusieurs activités desdites organisations. Les uns et les autres ont initié nombre de projets autour de ces questions à l’intention des communautés hôtes, des déplacés internes et des réfugiés et chacun y est allé avec des stratégies qu’il a élaborées. Dans le cadre de ce colloque justement, nous envisageons analyser cette autre dimension de la crise sécuritaire Boko Haram à travers les interrogations suivantes : quels sont les acteurs au centre de cet activisme autour de la prévention de l’extrémisme violent et de la promotion de la paix ? Quelles sont les stratégies élaborées, leurs forces, leurs faiblesses ? Quels sont les enjeux qui gravitent tout autour ? Pour élaborer cette réflexion, nous comptons exploiter les documents écrits tels que les rapports, les articles scientifiques, les ouvrages, les revues scientifiques, la presse, les archives, les sites internet et autres publications des organisations concernées. De même, nous comptons faire des entretiens et des témoignages avec les acteurs tels que les responsables d’organisations humanitaires, les autorités administratives, religieuses, traditionnelles, les leaders communautaires, les déplacés, les communautés hôtes, les réfugiés, les consultants et toutes les personnes susceptibles etc). Nous comptons également faire les observations sur le terrain de la crise sécuritaire pour mieux comprendre les actions menées sur le terrain. La compilation des données collectées, leur confrontation et leur analyse critique permettra de tirer l’essentiel pour élaborer cette communication qui se veut une contribution à l’intelligibilité de la coalition autour de la prévention de l’extrémisme violent et de la promotion de la culture de la paix dans le contexte de la crise sécuritaire Boko Haram dans le Bassin du Lac Tchad entre 2013 et 2020.
Mots clés : Prévention de l’extrémisme violent, questions autour de la paix, crise sécuritaire Boko Haram, Bassin du Lac Tchad.
b) La sociogenèse de l’extrémisme violent dans le territoire du lac Tchad : une approche sociologique d’un phénomène rémanent
Zelao Alawadi, Université de Dschang/Cameroun
L’histoire des sociétés impériales du lac Tchad offre une galerie des faits historiques producteurs de violence sous des formes variées et complexes (Magnant, 1989 ; Meunier, 1997). En effet, dans leur dynamique d’expansion et d’extension de leurs régimes d’organisation politique et de domination idéologique, les différents empires de cette région ont utilisé la violence comme un instrument de rapport aussi bien à l’environnement (exploitation rentière de la terre) et qu’aux autres peuples (islamisation sous l’épée) (Froélich, 1962 ; Njeuma, 1978). De nos jours, en partant de l’irruption de l’organisation terroriste de Boko Haram, l’extrémisme violent souligne à l’évidence la rémanence d’un régime de violence qui n’a pas complétement disparu de l’histoire des sociétés impériales (Magrin et Pérouse de Montclos, 2018 ; Seignobos et al., 2021). Cette étude cherche à comprendre le phénomène de violence en l’inscrivant dans une perspective historique, et en partant des manières et des modalités par lesquelles les sociétés impériales se sont structurées en mobilisant un ensembles de ressources politiques, idéologiques et économiques. Dans ce sens, l’extrémisme violent n’est pas de génération spontanée et décline l’historicité même des empires dans le lac Tchad. L’argumentaire de l’étude s’articule autour de trois points. Le premier porte sur la production de la violence par les empires dans leur élan d’expansion territoriale. Le second traite des phénomènes contemporains de violence à partir de l’insécurité induite par des groupes crisogènes (Boko Haram, coupeurs de route, gangstérisme social). Le troisième situe la place ambivalente de l’extrémisme violent dans la vie des sociétés impériales (à la fois facteur de déstructuration et facteur de régénération).
Mots-clés : Extrémisme violent, sociétés impériales, violence, hégémonie, lac Tchad.
c) L’action antiterroriste du G5 Sahel à l’épreuve des interactions d’acteurs
Emmanuel Odilon Koukoubou, Université de Parakou/Bénin
La présente proposition de communication répond par la négative à la dernière question de l’appel à contribution en affirmant que les réponses (militaire et politique) apportées ne sont pas susceptibles de garantir la paix sociale et la sécurité au Sahel. Cette affirmation est basée sur l’expérience d’un cas précis : les politiques sécuritaires mises en oeuvre dans le cadre du G5 Sahel. Notre terrain d’étude se limite donc au périmètre territorial du Groupe de cinq pays du Sahel : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Notre constat d’inefficacité se fonde aussi sur l’aggravation de la situation sécuritaire dans la région. A la création du G5 Sahel, la menace terroriste était circonscrite dans le nord du Mali ; aujourd’hui, elle est descendue au Centre du pays, s’est métastasée au Niger, puis au Burkina et touche désormais les pays du Golfe de Guinée. A la création du G5 Sahel, les groupes terroristes étaient considérés comme des organisations étrangères notamment algériennes ; aujourd’hui, les groupes sont clairement locaux et dirigés par des Sahéliens.
Mais il ne suffit pas d’affirmer l’inefficacité des politiques publiques mises en oeuvre ; il faut pouvoir la justifier et la démontrer. La problématique de cette communication peut donc se formuler ainsi : pourquoi et comment les politiques publiques (inter)nationales mises en oeuvre ne garantissent pas la paix et la sécurité dans les Etats sahéliens ?
Cette problématique ainsi formulée opte pour un parti-pris méthodologique et théorique de départ. En effet, contrairement à l’essentiel de la littérature scientifique qui traite des réponses à l’insécurité au Sahel avec des théories des relations internationales, nous choisissons de saisir le sujet avec des instruments de l’analyse des politiques publiques. La sociologie de l’action publique nous sert donc de cadre théorique. Elle offre la possibilité de comprendre les politiques publiques à travers les représentations, les intérêts et les ressources qui orientent les interactions entre les acteurs. D’un point de vue méthodologique, nous adoptons une approche qualitative fondée sur un ensemble d’entretiens (avec des acteurs politiques, diplomatiques, sociaux, des experts, militaires, policiers et citoyens…) réalisés au Sahel dans le cadre de nos recherches doctorales.
Les résultats de nos recherches révèlent que les politiques sécuritaires du G5 Sahel ont manqué d’efficacité en raison de l’exclusion qui a caractérisé leur construction et qui structurent leur mise en oeuvre. Notre communication présentera ces résultats en deux parties. D’une part, nous montrerons que le G5 Sahel est une action publique construite sur des bases d’exclusion. Car, son institutionnalisation a privilégié les intérêts, idées et ressources de quelques acteurs au détriment d’autres acteurs laissés en marge. Cette initiative a changé la configuration des acteurs impliqués dans la lutte contre l’insécurité au Sahel, révélant aux côtés ou en face des acteurs centraux, les tiers profiteurs, les tiers lésés, les intermédiaires… D’autre part, nous observerons que cette nouvelle configuration des acteurs structure les interactions des acteurs dans la mise en oeuvre de l’action publique. Entre ceux qui agissent pour imposer ou contrôler le G5 Sahel et ceux qui travaillent à le torpiller ou à le transformer, il se développe des interactions antagoniques qui empêchent l’efficacité de l’action publique
d) L’extrémisme violent en milieu jeune dans le département de Mayo Sava (Cameroun) : Manifestations, impacts et perspectives de lutte.
Sirka Saidou, Université de Ngaoundéré/Cameroun (saidousirka@gmail.com)
La question de l’extrémisme violent est aujourd’hui au coeur de thématiques importantes qui mobilisent les chercheurs, les décideurs politiques et la communauté internationale. Depuis près de deux décennies, les pays de la bande saharo-sahélienne sont confrontés à l’extrémisme violent, au point où de nos jours, certaines personnes pensent que le sahel est pris en « otage » par les gangs extrémistes criminels. En fait, les extrémistes exploitent la frustration des jeunes confrontés aux difficultés sociales, pour les recruter dans le but de les inciter à commettre des actes de violence. Ces gangs renforcent les divisions entre les groupes sociaux et sapent le contrat social entre les citoyens et leurs gouvernants. Ce qui menace la sécurité et la paix sociale. Ainsi, l’extrémisme violent semble être un instrument de la propagande terroriste pour la séduction des jeunes vulnérables par diverses méthodes. Il se manifeste par des discours haineux, la non-tolérance et le radicalisme.
Cette situation entraîne les jeunes vers la perdition, c’est pourquoi, il est urgent que l’Etat Camerounais prenne au sérieux cette nouvelle forme de menace socio-sécuritaire. Pour y parvenir, il doit adopter des nouvelles approches axées sur le (« whole-of-society » approach). Il s’avère que la seule réponse militaire paraît insuffisante, il faut donc combiner les approches, et mettre l’accent sur le paradigme participatif, susceptible de faire renaître la confiance entre les jeunes et les pouvoirs publics. Ceci pour prévenir cette menace provoquée souvent par des interprétations faussées des Saintes Ecritures, par la haine et par l’ignorance des uns et des autres. Dès lors, il ne suffit pas seulement de lutter contre l’extrémisme violent, mais il faut surtout le prévenir. Notre propos vise non seulement à montrer comment se manifeste l’extrémisme violent en milieu jeune et son impact sur les jeunes, mais elle vise davantage à proposer des nouvelles perspectives de lutte. Notre analyse s’appuie sur des données factuelles tirées des observations de terrain, des entretiens et discussions avec les jeunes d’Amchidé, de Kolofata, et de Mora ; en plus, des documents de secondes mains : Les rapports sur la prévention de l’extrémisme, les articles et les sources électroniques recoupées.
Mots clés : Extrémisme violent, milieu jeune, vulnérabilité, Mayo Sava
Enregistrement vidéo :
P6. Contrer l’extrémisme violent et bâtir des sociétés résilientes au Sahel. État des lieux et perspectives
P9. Réseaux sociaux, orientations sexuelles et reconfiguration des identités socio-politiques au Cameroun
Responsable: Darus Sidoine Keunang, Université de Douala (keunang3@yahoo.fr)
Résumé de l’activité
Au Cameroun, les actes d’homosexualité sont condamnés par le code pénal en son article 347 bis et les personnes incriminées sont passibles de prison, y compris des peines pécuniaires. En 2006, la publication d’une liste des « 50 homosexuels du Cameroun » par le journal L’anecdote avait sonné comme un tsunami au Cameroun, tant cela était inconcevable à la fois dans les mentalités et au vue de la loi. Les mis en cause étaient perçus comme des parias sociaux, en dépit des hautes fonctions occupées par plusieurs d’entre eux dans l’administration centrale. De même, depuis la fin des élections présidentielles de 2018 au Cameroun, on assiste à une montée exponentielle du tribalisme particulièrement manifesté entre deux communautés. Cette lutte ethno-fasciste qui se joue entre les peuples de l’ouest (Bamiliké) et ceux du centre Sud (Beti) est en réalité un phénomène ancien qui a pris des proportions avec le temps. Elle se traduit davantage aujourd’hui entre les militants du MRC et ceux du RDPC. La recrudescence de ces phénomènes est inséparable de la montée en force des réseaux sociaux.
En effet, depuis le début des années 2010, l’accès facile à des contenus sur le téléphone portable qui conjugue avec la légalisation du mariage pour tous dans de nombreuses sociétés occidentales a fini par ouvrir une voie de pandore à la banalisation de l’homosexualité. De fait, des hautes personnalités, parfois considérées comme des modèles de réussite auprès de la jeunesse camerounaise se sont montrées proches de cette orientation sexuelle, construisant ainsi un effet de tolérance qui tend à se généraliser vis-à-vis des valeurs LGBT. Les cas du célèbre homosexuel Shakiro, condamné puis libéré et exilé vers les USA ou encore les exhibitions récentes de la célèbre footballeuse camerounaise Enganamouit participent aujourd’hui de la construction d’une nouvelle identité sociale bien que condamnée par la loi. De même, c’est par le biais des réseaux sociaux que le tribalisme a pris des proportions si grandes qu’il tend à devenir banal bien que la loi le condamne. Le système politique se trouve pris à l’étau entre un fait social presque incontrôlable et la rigueur de ses lois. Cette communication ambitionne de mettre en exergue l’implication des RS dans la diffusion des valeurs nouvelles au Cameroun et la construction de nouvelles minorités/identités sociales.
Les contributions attendues pour ce panel doivent présenter la place des réseaux dans la création des nouvelles identités politiques ; le niveau d’encrage des valeurs LGBT à l’épreuve de législation au Cameroun ; l’impact des réseaux dans la construction de nouvelles minorités ; la construction d’un vocabulaire ethno-fasciste et de l’exclusion par les universitaires à travers les réseaux sociaux…
Mots clés : valeurs LGBT, tribalisme, système politique
Panelistes
a) Le sexe des réseaux sociaux
Mireille Manga Edimo, Université de Yaoundé 2, Institut des relations internationales du Cameroun
À Travers l’hypermédia qu’est internet, s’est créé un monde à part entière par le billet des réseaux sociaux. C’est un espace de défrontisation, mais surtout un monde faiblement légiféré au regard de ses frontières inconnues et de ses membres. Tout y passe, l’essentiel étant de faire du buzz. L’accès à cet espace à travers des objets personnels comme les téléphones portables, accessibles à presque toutes les bourses est en réalité le déclic du foisonnement dans les réseaux sociaux de toutes formes de publications, même les plus obscènes. Les logiques de censures y restent difficiles, ouvrant la voie de pandore à toute forme d’extravagance et de déviance parfois condamnées par la loi. Au Cameroun en particulier les réseaux sont quasiment un espace de marketing et ou de banalisation du sexe, intégrant clairement un des quatre S du sensationnel de l’opinion populaire (sexe, scandale, sang, sport). La recrudescence des scandales sexuels dans cet espace est devenue virale, pourtant il s’agit bien des actes condamnables à la fois par la loi et les mœurs sociales. Les vidéos des scènes pornographiques, accablant parfois des personnalités publiques y sont constamment diffusées, parfois pour régler des comptes avec des coupables ; l’espace virtuel étant devenu un outil de chantage. Cette communication questionnaire la place des réseaux dans les transformations de politiques sexualité au Cameroun. Autrement dit, comment l’espace virtuel reconfigure les perceptions et les politiques publiques sur les questions de sexe ? La sociologie dynamiste de Georges Balandier, la sociologie critique et la théorie compréhensive des sociétés contemporaines seront mobilisés dans cette communication pour tenter d’objectiver les faits étudiés.
b) “Influenceurs/influenceuses” et construction d’une « nouvelle identité » jeune au Cameroun. Une analyse de l’influence des réseaux sociaux sur les comportements jeunes en milieu scolaire camerounais.
Fridolin Martial Fokou, Université de Dschang, FSJP
La définition des modèles en société est un champ de la science politique qui connait une reconfiguration en Afrique subsaharienne. La difficulté à définir les modèles sociaux est liée à la gouvernance des États africains. Puisque l’État est en crise en Afrique, le repérage des modèles est également en crise. Cette crise est d’autant plus perceptible qu’aujourd’hui il existe un écart entre l’ordre gouvernant et les populations constituées à majorité de jeunes. Au Cameroun, les jeunes représentent plus de 60% de la population. Les 15 à 25 ans représentent un peu plus de 35% de la population face à un gouvernement dont la moyenne d’âge se situe autour de 68ans. Face à ce fossé social et générationnel, la définition des modèles sociaux par les jeunes ne s’opère plus selon des logiques de reproduction sociale mais des logiques de transgression de l’ordre social établi. En effet, 70% de cette tranche de population dispose aujourd’hui d’un téléphone androïd et d’une connexion internet. Grace à cet outil de communication de masse, ils ont accès aux réseaux sociaux qui remodélise leur logique de pensée et les amène à redéfinir de nouveaux modèles sociaux. Les « nouveaux leaders » que sont désormais les « influenceurs » ou « influenceuses » laissent penser aux jeunes qu’il existe un canal important et utile pour se faire une place dans la société. On assiste de ce fait à un conflit de génération au sein de la société camerounaise aujourd’hui. Ainsi, les jeunes du milieu scolaire subissent l’influence de ces nouveaux « cadets sociaux » dont l’outil de captation et de recrutement reste la connexion aux réseaux sociaux. Aussi, la présente communication entend analyser à partir d’une perspective sociologique la réception par les jeunes du milieu scolaire camerounais de leurs interactions avec les personnages public d’un genre particulier que les « influenceurs ». Cette communication a aussi pour intérêt de montrer comment les réseaux sociaux par leur hyper-attractivité sociale influence également le comportement des jeunes en milieu scolaire camerounais débouchant parfois sur des revers de plus en plus récurrents observés au sein des établissements solaires au Cameroun.
Mots-clés : modèles sociaux, leader, jeune, habitude, crise sociale, État
c) L’impact des réseaux sociaux dans la consolidation et la promotion des nouvelles orientation sexuelles au Cameroun
Emmanuel Lingok, Université de Yaoundé I
Aujourd’hui, bien que les pratiques de l’homosexualité soient réprimées par la législation camerounaise, il se trouve que de nouvelles pistes soient utilisées pour faire asseoir ces nouvelles orientations sexuelles. L’espace public numérique semble être un environnement par excellence par lequel les chantres de cette pratique promeuvent leur nouvelle vision sexuelle. En effet, bien que le milieu social soit fermé et soumis au contrôle contre ce genre de pratiques, il faut noter que les auteurs de cette pratique utilisent les réseaux sociaux à travers lesquels ils consolident et renforcent leurs activités en recrutant bon nombre d’individus, à savoir les jeunes en majorité. C’est dire en profondeur que les réseaux sociaux sont considérés aujourd’hui comme un espace d’émergence de cette nouvelle pratique. De façon claire, ils utilisent les programmes divers, proposent des offres de formation et de renforcement des capacités à travers lesquels ils réussissent à recruter les jeunes gens pour finalement les introduire dans leurs cercles homosexuels. C’est dire que les auteurs de ces pratiques utilisent les réseaux sociaux comme appâts, à partir desquels ils font la promotion de leur œuvre pour recruter un maximum d’adeptes et les initier finalement dans leurs activités.
L’objectif de ce travail est d’analyser les stratégies et les techniques qui échappant au contrôle social, contribuent pour la plupart à faire rayonner les pratiques homosexuelles à travers les réseaux sociaux. Le cadre méthodologique de cette réflexion nous conduira aux entretiens semi directifs, au focus group et au questionnaire que nous administrerons à nos enquêtés. Les modèles théoriques qui vont nous intéresser dans la présente étude sont entre autres : la sociologie dynamiste de Georges Balandier, la sociologie critique et la théorie compréhensive des sociétés contemporaines.
Les résultats obtenus démontrent un grand déphasage entre le contenu des messages des auteurs des nouvelles orientations sexuelles et l’objectif visé. En d’autres termes, une espèce de tricherie utilisée, qui pour contourner le contrôle social ou les lois en vigueur, est la matérialisation d’une certaine vision.
Mots clés : Réseaux sociaux, orientations sexuelles, impact, consolidation.
d) Citoyenneté différenciée et « droits spéciaux de représentation » : Quid du groupe LBGTQ?
Olivia Kamgain, Université d’Ottawa
Dans sa théorie libérale du droit des minorités, Will Kymlicka (1995) conçoit les « droits spéciaux de représentation » comme un type de droits ‘collectifs’ dont pourraient se prévaloir autant les « groupes culturels » que les groupes désavantagés afin de contrecarrer les effets de l’exclusion systémique du processus politique (Kymlicka, 1995). Outre les critiques soulevées au sujet de la hiérarchisation des droits en faveur des minorités dites culturelles (Benhabib, 2018), d’autres critiques pointent les limites de sa théorie à prendre en compte le processus de formation des groupes considérés. En contraste, Iris Marion Young (2000) développe sa conception de la citoyenneté différenciée à partir du facteur de différenciation que sont les processus de marginalisation historique. Young (2000) justifie des types de mécanismes spéciaux de représentation politique du fait que ces processus créent des inégalités structurelles irréductibles. Ceci amène Young (2000) à spécifier que les groupes sociaux historiquement marginalisés sont ceux auxquels il faut allouer des mécanismes spéciaux de représentation politique. Ce critère sera raffiné par Melissa Williams (2000) sous le terme de « marginalized ascriptive group » qui en intégrant la nature ascriptive souligne que l’appartenance au groupe social devrait être non volontaire et immuable.
Au Canada, les personnes LGBTQ (lesbiennes, gais, bisexuelles, trans, queer) sont sous-représentées parmi les élus à la Chambre des Communes. Le même constat se présente au Québec. Quelques mesures sont mises de l’avant au sein de certains partis politiques fédéraux pour assurer leur inclusion. Sous quels termes formuler un argument justifiant des mécanismes spéciaux pour la représentation du groupe LGBTQ? Cette communication vise à éclairer sur certaines limites que le groupe LGBTQ pose aux critères de la marginalisation historique des théoriciennes Young (1989, 2002) et Williams (2000). Il sera relevé dans quelle mesure l’inclusion politique de ce groupe ne se suffit pas du pluralisme, ni d’une politique de la reconnaissance (Young, 2011; Butler, 1997). De plus, le caractère distinct du groupe LGBTQ notamment en ce qui concerne la nature ascriptive sera mis évidence à partir des développements théoriques récents en études du genre (Butler, 1999). Finalement, à partir du contexte canadien, cette communication formule quelques considérations notamment du fait de la présence des demandes d’autodétermination et des revendications d’autres groupes minoritaires en compétition.
Enregistrement vidéo :
P9. Réseaux sociaux, orientations sexuelles et reconfiguration des identités socio-politiques au Cameroun
P16. La Science Politique en Afrique : état des débats et pistes de recherches
Responsable: Alassane Dione, Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal (dione.alassane@ugb.edu.sn)
Résumé de l’activité
Dans cette cet atelier, il sera question de faire un « bilan » de la Science Pô en Afrique afin de découvrir les grands débats qui ont structuré la discipline, de l’indépendance à nos jours. En effet, la Science politique africaine ou africainiste est traversée par de grandes débats scientifiques, quant à la place de l’État dans le système-monde (dépendantisme) et la position du continent dans l’échelle du développement à l’image des pays du Nord. Dans les 1980, ces deux approches majeures ont été concurrencées par l’approche de la politique par le bas initiée par un groupe de recherches sous la direction de Jean François Bayart.
Au regard de cette aventure intellectuelle, la Science Politique africaine s’est exceptionnellement intéressée à la place de l’Afrique dans la Science des Relations Internationales (RI) Pendant longtemps, celles-ci constituaient le point aveugle de la réflexion africainiste ou du moins l’angle mort de la recherche africaine. Lorsque dans les années 1990, les études africaines sont ouvertes à des études de moindre porté telles que la démocratisation, les études sur les conflits et l’intégration régionale l’Afrique fût présentée comme une entité exclue des débats qui structurent la discipline des relations internationales. A titre d’exemple, il suffit de lire les travaux de Daniel Bach sur l’intégration et de William Zartman sur la résolution des conflits pour s’en convaincre.
La science des relations internationales n’est pas née en Afrique et les premiers moments de théorisation de la discipline n’ont pas pris en compte les particularités et spécificités africaines. L’Afrique a subi une violence symbolique (au sens Bourdieusien du terme) en ce sens que la discipline qui a pris forme en Europe et Outre-atlantique répondait d’abord à des préoccupations des auteurs d’appartenance de la discipline. A l’instar du Professeur Luc Sindjoun, il en a résulté un double arbitraire. D’une part, il s’agit d’arbitraire socio-territorial lié à l’extériorité de la société internationale au sens de Hedley Bull, composé essentiellement d’identités européennes, celle-ci s’est universalisalisée par le biais de la décolonisation. D’autre part, un arbitraire socio-culturel lié à la société nationale d’affiliation des auteurs de la discipline. Ainsi donc, l’Afrique apparaît comme un laissés-pour-compte dans la discipline mais aussi un terreau fertile à l’enrichissement des approches dominantes. En plus, dans un monde marqué de plus en plus par la dialectique de l’universel et du particulier le « modèle » occidental de démocratie est constamment discuté et réapproprié. Le particulier devient une instance de réinvention ou de proclamation des principes d’université. Dès lors, l’atelier permettra de tirer modestement un bilan de la recherche africaine ou africainiste sur l’Afrique, mais aussi et surtout de mettre un accent particulier sur la place de l’Afrique dans les grands débats scientifiques qui entourent la Science Politique.
Panelistes
a) Les grands débats de la Science Politique : Histoire et renouvellement paradigmatique, Ibrahima Sylla, Enseignant-chercheur, UGB
b) L’Afrique dans la Science des Relations Internationales (RI), Papa Samba Ndiaye, Agrégé en Science Politique
c) L’universel des particuliers et le particulier dans l’universalité : le modèle occidental dans les Afrique (s) en question (s), Maurice Soudieck Dione, Agrégé en Science Politique.
P21. La guerre froide 2.0 en Asie
Responsable: Serge Granger, Université de Sherbrooke (serge.granger@usherbrooke.ca)
Résumé de l’activité
Presque tout semble indiquer le retour d’une guerre froide. Une nouvelle bipolarité se confirme par la renaissance d’une Chine capable de tisser des alliances internationales en plus d’offrir un modèle politique différent des États-Unis. Accompagnée d’une guerre commerciale/technologique maintenue malgré les changements des administrations américaines et la création de nouvelles organisations sécuritaires, cette nouvelle dynamique géopolitique affecte l’ordre international où les États tentent de renforcer leur puissance par l’entremise d’alliances. Depuis l’émergence chinoise, ces nouvelles organisations de sécurité : l’Organisation de coopération de Shanghai, l’AUKUS, le Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (QUAD) ou bien commerciales (Partenariat Transpacifique global et progressiste et le Partenariat régional économique global) semblent accentuer la bipolarité.
Par contre, un retour à la guerre froide est difficilement imaginable compte tenu de la mondialisation des chaines de production et l’interdépendance des économies nationales. De plus, l’hésitation de la Chine à appuyer la Russie dans la guerre en Ukraine démontre une réticence chinoise d’amplifier un retour à la guerre froide.
L’affirmation nationaliste de Xi Jinping ne se limite pas à la Chine mais affecte directement ses voisins proches et lointains durement affectés par ses revendications territoriales. Que ce soit par le déploiement des nouvelles routes de la soie ou bien par la militarisation des mers et des frontières, la puissance chinoise inquiète. À l’échelle internationale, la Chine revendique un système politique exportable défiant directement le modèle démocratique en plus de revendiquer une légitimité imperméable aux accusations des droits humains. Doit-on voir dans cette divergence de la gouvernance un retour d’une guerre froide plus politique qu’économique ? Est-ce qu’un retour à la bipolarité poussera les pays à faire des choix stratégiques non voulus ?
Ce panel propose d’explorer le retour potentiel d’une guerre froide et comment cette nouvelle bipolarité affecte les choix stratégiques des nations. Il vise notamment à vérifier s’il est possible de maintenir un haut niveau d’échange malgré les divergences profondes de la gouvernance. Le panel est ouvert autant aux propositions qui abordent la perception d’un retour d’une guerre froide et comment réagissent les pays asiatiques ainsi que les partenaires stratégiques et commerciaux de la Chine.
Panelistes
a) S’aligner sur l’Inde ? L’impact d’une nouvelle guerre froide sur les relations bilatérales indo-canadiennes
Maxim Chemarin, Candidat à la maîtrise en études politiques appliquées, École de politique appliquée, Université de Sherbrooke
Pour contrer la puissance chinoise, les États-Unis misent de plus en plus sur l’Inde. Compte tenu de son poids démographique, seule l’Inde peut se comparer et même surpasser la Chine. L’émergence indienne est inéluctable et durera longtemps. C’est pourquoi la réactivation du dialogue quadrilatéral de sécurité (QUAD) incluant les États-Unis, l’Inde, le Japon et l’Australie fut la première rencontre multilatérale de l’administration Biden en septembre 2021. En plus, durant le même mois, le lancement de l’AUKUS avec le Royaume-Uni, l’Australie et, encore une fois, les États-Unis laisse croire à un retour de la bipolarité qui incitera le Canada à suivre ce réalignement géopolitique. Cette orientation pourrait également se concrétiser sur le plan économique si l’on se fie au récent accord indo-australien de coopération et d’échange.
Bien que les États-Unis tracent le chemin de ce réalignement, ce que l’on pourrait qualifier de suivisme opportuniste canadien demeure un choix rationnel. Cette présentation tentera donc de démontrer cette décision calculée du Canada dans sa nouvelle orientation géopolitique. Pour ce faire, l’analyse du contexte géopolitique sera de mise afin d’étaler la puissance américaine sur les décisions canadiennes dans son multilatéralisme. Également, d’un point de vue domestique, l’utilisation de la thèse managériale explorera les relations économiques bilatérales indo-canadiennes comme les exportations afin de cerner les secteurs d’activités affectés. Ensuite, l’impact de la diaspora indienne comme acteur non étatique influençant la politique étrangère canadienne sera approfondi. Ainsi, les facteurs étudiés ici pourraient expliquer comment le Canada a choisi son camp.
b) Réactions du Vietnam face au retour de la bipolarité
Thi Huong Dang, Doctorante en communication publique, Université Laval
Depuis l’émergence chinoise et la montée en puissance de la Chine sur les marchés internationaux, plusieurs recherches scientifiques abordent le retour de la bipolarité. En Asie, le développement économique de la Chine possède une influence sur ses voisins, mais ce n’est pas toujours le cas dans le domaine politique. Parmi les pays asiatiques, le Vietnam qui partage plus de 1.400 km de frontières avec la Chine acquiert un grand volume des échanges commerciaux bilatéraux. En effet, la Chine est le plus grand partenaire commercial, le premier fournisseur de marchandises et le deuxième marché d’exportation du Vietnam. Même si les deux pays partagent le même système socialiste et le régime politique communiste, le Vietnam n’a pas toujours adopté les décisions de la Chine, surtout les questions de la souveraineté en mer de Chine méridionale. Pourtant, le Vietnam ne retourne pas non plus le dos contre la Chine pour recevoir le soutien des États-Unis dans ces tensions. Le choix stratégique du Vietnam est de réaliser la politique étrangère d’indépendance, d’autonomie, de paix, de coopération et de développement en respectant le slogan : « le Vietnam est un ami, un partenaire responsable et fiable au sein de la communauté internationale ».
Dans le contexte très compliqué, comme la guerre en Ukraine est fait changer l’ordre international, chaque pays trouve son propre choix stratégique pour préserver leurs intérêts concernant la politique, l’économie et la sécurité territoriale. Ma communication a pour objectif de présenter les politiques extérieures du Vietnam pour maintenir les intérêts nationaux, les réactions du Vietnam face à la gouvernance de la Chine et à la militarisation des mers.
c) La survie du libéralisme économique international à l’ombre du conflit larvé sino-américain.
Érick Duchesne, professeur titulaire, Département de science politique, Université Laval
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous vivons une époque exceptionnelle, marquée par l’expansion du multilatéralisme commercial et par l’accession de la majeure partie de l’humanité à un niveau de vie supérieur à celui de ses ascendants. Il faut pourtant, aujourd’hui, tirer la sonnette d’alarme. Deux grands pièges nous guettent. D’un côté, cette ère de coopération économique risque de s’effondrer pour laisser place à une rivalité systémique entre deux grandes puissances, où les États-Unis et la Chine s’affrontent pour imposer leurs modèles antagoniques. D’un autre côté, nous avons tout autant à craindre d’un manque de leadership international où une puissance hégémonique bienveillante ne parviendrait pas à maintenir les gains de l’après-guerre. Dans cette présentation, nous aborderons les implications de ces deux pièges pour le futur de l’ordre économique international.
d) Le multilatéralisme sino-indien à l’épreuve de la nouvelle guerre froide
Serge Granger, professeur titulaire, École de politique appliquée, Université de Sherbrooke
Dix fleuves majeurs drainent l’Himalaya et fournissent de l’eau à plus de deux milliards d’individus dans onze pays (cinq en Asie du Sud, cinq en Asie de Sud-Est et la Chine) en excluant l’Hindu Kush. La fonte accélérée des glaciers himalayens pousse les pays riverains à entreprendre des mesures transnationales pour préserver l’eau et les glaciers. Plusieurs études sur la disparition partielle des glaciers appréhendent un des plus grands désastres hydriques pour des centaines de millions de personnes si rien n’est fait.
Les questions transfrontalières en matière d’eau n’ont jamais été harmonisées entre les pays du bassin himalayen. Pendant plusieurs années, la Chine et Inde sont demeurées longtemps prisonnières des enjeux nationaux et des rivalités hydriques. Deux organisations multilatérales sino-indiennes « concurrentes », avec les cinq pays riverains du Mékong (Myanmar, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam) se partagent un but commun : la gouvernance climatique. En examinant ces deux organisations par l’approche néo-institutionnaliste, un cadre méthodologique émerge pour comparer le multilatéralisme sino-indien dans un domaine précis et un lieu déterminé. Cette communication vise à déterminer si le multilatéralisme sino-indien est dissonant ou cohérent, voire synchronisé ou bien s’il demeure prisonnier d’une nouvelle bipolarité.
e) L’Inde face au conflit ukrainien : trajectoires d’un géant démographique
Catherine Viens, Candidate au doctorat , Science politique, Université du Québec à Montréal
L’Inde s’est abstenue de voter sur plusieurs résolutions de l’ONU visant à condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce n’est que le 5 avril 2022 que le pays s’est prononcé sur la mort de personnes civiles à Bucha, condamnant les actes de la Russie et exigeant la tenue d’une enquête indépendante. Le gouvernement indien s’est par ailleurs engagé à envoyer davantage de support humanitaire en Ukraine.
Ce choix du gouvernement de Narendra Modi de demeurer majoritairement neutre dans ce conflit peut s’expliquer à la fois par les choix historiques du pays en matière de politique étrangère, sa forte dépendance envers la Russie pour son équipement militaire et le renforcement de sa défense – crucial dans le contexte actuel de tension avec la Chine – ainsi que par ses objectifs plus globaux de se positionner stratégiquement sur la scène internationale. Cette contribution explicitera sur ces motivations et explorera surtout les revers potentiels d’un tel positionnement pour le pays, mais également pour la population indienne.
Enregistrement vidéo :
P21. La guerre froide 2.0 en Asie
Ateliers
A20. Transitologies régressives et mutations sociopolitiques en Afrique : (re) penser l’identité démocratique à l’aune des valeurs anti démocratiques
Responsable: Philippe Awono, Université de Yaoundé II (philippeawono@gmail.com)
Résumé de l’activité
L’institutionnalisation et la consolidation de la démocratie en Afrique ont fait leur chemin depuis les vents de l’Est mais le dimensionnement et l’ancrage axiologique de la démocratie sont loin d’être ce qui se vit sur le terrain. Ainsi, ses appropriations glocales ne sont pas toujours faciles à saisir tant on ne sait pas toujours si on est dans un contexte démocratisation « d’ailleurs », différente de celle qui a été pensée en occident (Sindjoun : 2002) ou alors on est en contexte de démocratisation hybride qui compose à la fois les réalités locales et les réalités globales de la démocratie. Une chose est sûre, la démocratie à l’africaine n’est pas une case vide mais son noyau dur est sans doute encore à rechercher ou à stabiliser non pas dans le sens d’une mise en conformité avec la démocratie telle que pensée originellement mais dans le sens d’une valeur qui circule et oriente de façon massive les conduites politiques en marge de la civilisation.
Ce noyau dur se trouve-t-il dans une nouvelle forme de transitologie plus marquée par l’incertitude démocratique d’une part (Banegas : 1993) et moins mécanique mais aussi relativement causale d’autre part. En effet, certains pays d’Afrique Francophone au rang desquels le Mali et le Burkina Faso font actuellement l’expérience d’une para démocratie marquée par des coups d’État.
Que des autorités non démocratiquement élues arrivent au pouvoir soit considérées comme anti démocratiques, ça n’est pas en soi un problème dans le sens où les coups d’États peuvent être considérées comme une forme d’action politique. Le problème peut être celui des mécanismes à travers lesquels les populations adhèrent à ces ordres politiques qui ne correspondent pas forcément à l’esprit de la démocratie et matérialisent les voies incertaines de la transitologie (Dorbry : 2000). L’incertitude peut ici avoir comme manifestation le soutien aux élites politico-militaires qui gouvernent après un coup d’État alors même que les populations étaient sans doute critiques à l’égard du gouvernement élu.
Assistons-nous à un nouveau prétorianisme qui peut servir d’essence théorique aux transitologies régressives et aux mutations qui en sont les causes ? en d’autres termes, comment comprendre que les armées souvent considérées comme distantes de la population deviennent de puissants acteurs politiques avec le soutien de ces mêmes populations ? comment comprendre que pour manifester le sentiment anticolonial au Mali, les populations adhèrent aux logiques du l’ordre politico administratif issu du coup d’état ?
C’est peut-être dans cette incertitude qu’il y a lieu de situer les transitologie régressive comme nouveau repère théorique de la démocratie et de la para démocratie en Afrique.
Entre dynamique du dedans et dynamique du dehors ou au croisement des deux, la transitologie originelle est à rude épreuve (Dufy : 2013) d’une régression sociale et politique dont le potentiel de réinvention sociétale n’est pas encore évalué parce que chargé d’incertitudes.
Ainsi, le présent atelier se propose de croiser des regards théoriques et disciplinaires divers, pour saisir cette mise à l’épreuve un peu particulière de la démocratie.
A20.1, Prévalence autocratique et impasse analytique
– Fabrique et application des sanctions internationales en contexte d’autocratie : une impasse répressive ? , Philippe Awono, Département de science politique, Université de Yaoundé II
– « Combattre » au loin : les voies paradémocratiques et antidémocratiques de la homeland politics camerounaise en France, Serges Remy Ngaba, Université Pontificale Grégorienne, Rome
– Le coup d’Etat militaire au Mali: une résistance technicisée à la francafrique, Jean Emmanuel Minko A Bitegni, Doctorant en science politique à l’Université de Maroua
– Défaire la démocratie dans le champ politique en Guinée Conakry : analyse du rôle de la jeunesse dans l’alternance politique non démocratique, Prisca Assiene Bissossoli, Département de science politique, Université de Yaoundé II
– Autocratization and democratic theories: an analysis of democratic breakdown cases on Africa and Latin America in the 21st century, João Alípio Correa, Ph.D. Candidate in Political Science at UFMG, Brazil
A20.2, Menu autocratique : redistribution clientéliste, répression et rhétorique
– Les « dons présidentiels » et la structuration d’une gouvernance de l’irresponsabilité au Cameroun. Cadres, jeux d’acteurs et représentations anti démocratiques, Fabrice Noah Noah, Département de science politique, Université de Maroua et Léopold Nouffeussie Ngueuta, Département de science politique, Université de Maroua
– Séparer le bon grain de l’ivraie ? Les nouveaux registres de légitimation des « coups d’État » dans la gestion des transitions en Afrique subsaharienne : cas du Mali et de la Guinée Conakry, Ousmanou Nwatchock, Département de diplomatie, Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) – Université de Yaoundé 2, Soa
– Le Coup d’Etat en Afrique de l’Ouest : manifestation d’un nouvel ordre politique ou confirmation de l’échec de la démocratie électorale ?, Patrice Bekada, Département de science politique, Université de Yaoundé II
– Saisir la régression démocratique à l’aune de la légitimité légale rationnelle : l’éclairage des mutations sociopolitiques africaines, Conrad Emmanuel Ndzomo Ndzomo, Département de science politique, Université de Yaoundé II
– Contestation des défaites électorales et gestion répressive de l’autoproclamation de la victoire : essai de sociologie politique, Eugène Arnaud Yombo Sembe, Postdoctorant, HUMA, Université de Cape Town
A20.3, L’habillage démocratique de l’autocratisation
– La fabrique parlementaire des régressions démocratiques : lectures croisées, Nadine Machikou, Département de science politique, Université de de Yaoundé II
– L’action internationale des régimes issus des coups d’Etat en Afrique : élements d’analyse des modalités de légitimation internationale des transitions régressives en Guinée, au Mali et au Tchad, Toussaint Kounouho, Département de science politique, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan
– Elections en Afrique entre conformisme social et alternance politique, François Bokona Wiipa Bondjalim Enseignant-chercheur en droit international public, Université de Kinshasa
– Le “péril kaki” ou la protection militaire de l’autocratie en Afrique, Fridolin Martial Fokou, Doctorant en science politique, Université de Dschang
– Authoritarianism, Post Conflict Reconstruction and the Democratization Process in Africa: The Rwanda Experience, Nicholas Idris Erameh, Post-Doctoral Fellow, Department of Political Studies & International Relations, North West University, Mafikeng South Africa ; and Victor Ojakorotu, Department of Political Studies & International Relations, North West University, Mafikeng South Africa
A20.4, Les ressorts structurels et conjoncturels de la fabrique autocratique
– Dictature de la « République » et endiguement des revendications sociales au Cameroun. L’expérience des familles expropriées dans le cadre du programme gouvernemental de construction des logements sociaux à Yaoundé, Patrick Dieudonné Belinga Ondouam, Université de Genève
– Penser la consolidation autocratique à l’aune du pretorianisme de développement, Christel Dior Tamegui, ATER en science politique, Université Jean Moulin Lyon3
– Liberal democracy and the struggle for political prosperity in Africa, Ovaga Obinna Augustine, Lecturer, department of political science/ University of Nigeria, Nsukka
– Une économie politique de la transitologie régressive : le cas des réseaux d’accumulation en Afrique, Alvin Ateba Angoni, Département de science politique, Université de Yaoundé II
– Gouvernements de transition et consolidation autocratique : analyse comparée de la Guinée Conarky (2008) et de Madagascar (2009), Cyrille Léandres Ngon, Département de science politique, Université de Bamenda
Enregistrement vidéo :
A20.1 Transitologies régressives et mutations sociopolitiques en Afrique : (re) penser l’identité démocratique à l’aune des valeurs anti démocratiques
A3. Nations, nationalismes et mondialisation : adaptations, mutations et permanences
Responsable: Jérémy Elmerich, UQAM/UPHF (elmerich.jeremy@courrier.uqam.ca)
Résumé de l’activité
Le « paradigme national » n’est plus aussi souverain qu’auparavant. Dans le contexte de la mondialisation actuelle, il se pare d’une charge symbolique souvent négative ; les ambitions nationalistes ne sauraient plus guère se justifier par elles-mêmes, mais abondent vers un mécanisme utilitariste obligeant les partis qui les portent à développer des programmes politiques complets. Le désir d’indépendance ne peut plus être motivé par la seule allégation d’une « condition nationale », mais doit se voir accompagné d’un horizon politique lui conférant ses gages de respectabilité internationale et suscitant l’approbation des citoyens. Les mouvements nationalistes, du centre comme de la périphérie, doivent ainsi prendre position autant sur les clivages traditionnels qu’en fonction des enjeux accompagnant la mondialisation. Cette nouvelle donne se constate tant par le renouvellement des idéologies avec lesquelles le nationalisme doit composer, que par celui des nouvelles modalités du politique. La condition économique néolibérale suggère, quant à elle, la concurrence autant que les mécanismes d’interdépendance et de coordination nouvellement générés ; soit une redéfinition des rapports à l’Autre. Elle alimente par endroit le désir d’une intégration politique, ou bien quelques résistances protectionnistes. Une nouvelle condition sociologique – particulièrement en Occident – incite à repenser les modèles de société, d’intégration et d’attitude face au fait religieux. La révolution des modes de communication brouille également les limites d’espaces publics jadis nationaux. Enfin, la crise systémique que connaît la modalité représentative de nos démocraties affecte le rôle nodal que jouait jusqu’ici les partis. Leur relatif déclin et le renouvellement des formes partisanes n’épargne pas les mouvements nationalistes contraints de s’adapter. C’est ainsi qu’il faut voir la tentation d’une certaine « rétrotopie » (au sens du sociologue Zygmunt Bauman), dans le contexte d’une insignifiance généralisée qui les portent à une quête d’identité, d’authenticité, où le passé détermine hautement le présent, quitte à le corseter. C’est ainsi qu’il faut voir également la manière dont ces mouvements épousent, avec une certaine élégance idéologique, les courants et attitudes postmatérialistes de l’heure. C’est tout le paradoxe de cette idéologie forte de n’avoir « jamais engendré “ses” grands penseurs » que de s’en remettre à une plasticité jusqu’ici inépuisée. C’est tout le défi auquel sont confrontés les nationalismes aujourd’hui que de repenser leur condition à l’aune de la mondialisation et de l’hybridation.
A3.1, Trajectoires personnelles et parcours collectifs : entre ipséité et convergence
– La transmutation du nationalisme français en gaullisme et son instrumentalisation comme élément de l’identité nationale : analyse des campagnes présidentielles sous la Vè République (1965-2017), Andrada Cretanu (IRM-CMRP, Université de Bordeaux)
– De Louis-Hippolyte LaFontaine à René Lévesque : ces héros qui font (pour un temps) l’unanimité, Éric Bédard (Université TÉLUQ)
– Le consociationalisme comme réponse à certaines demandes nationalistes : le “modèle canadien” du fédéralisme consociatif, Dave Guénette (McGill University)
A3.2, Le nationalisme, la diversité et la voie normative
– Le cadrage des politiques linguistiques dans l’enseignement supérieur au Québec : points tournants et continuités, Virginie Hébert (CRIDAQ, UQAM)
– Montréal, une métropole post-nationale ou simplement canadienne ?, David Carpentier (Université d’Ottawa)
– Conflictualité mémorielle, fédéralisme canadien et patriotisme constitutionnel : les mémoires en silos de l’expérience canadienne, Frédérick-Guillaume Dufour (UQAM)
– Négocier la désunion : le paradigme du constitutionnalisme moderne à l’épreuve du feu, Camille Delpech (Université Laval/EHESS)
A3.3, Souveraineté, impérialisme et fragilité
– Le Peuple ou la Nation ? Le siège introuvable de la souveraineté en France à l’ère de la mondialisation et de l’Union européenne, Thibaut Dauphin (IRM-CMRP, Université de Bordeaux)
– De la démocratisation à l’illibéralisme. Le nationalisme comme argument central du discours en Europe postcommuniste, Pauline Soulier (IRM-CMRP/LACES, Université de Bordeaux)
– De l’instrument à l’idéologie ? L’appropriation du discours nationaliste par le régime de Vladimir Poutine, Sergei Fediunin (INALCO/Sorbonne Université)
– L’impérialisme chinois et le rôle des institutions internationales : levier de puissance ou moyen de pression ?, Yohan Briant (Université Montpellier 3)
Enregistrement vidéo :
A3.1 Nations, nationalismes et mondialisation : adaptations, mutations et permanences
A3.2 Nations, nationalismes et mondialisation : adaptations, mutations et permanences
A3.3 Nations, nationalismes et mondialisation : adaptations, mutations et permanences
A13. L’Afrique mondialisée face aux enjeux de puissance
Responsable: Brice Armel Simeu, Université du Québec à Montréal (brice.simeu@yahoo.fr)
Résumé de l’activité
L’Afrique est aujourd’hui au cœur de grandes convoitises stratégiques et économiques. Entre effondrement de l’influence des ex-puissances coloniales et montée en force des puissances émergentes sur le continent, les sociétés politiques africaines dans leur diversité entretiennent encore des rapports complexes avec la continuité institutionnelle et la stabilité démocratique. Après plus de 60 ans d’indépendance, plusieurs pays africains connaissent des transformations majeures impulsées par la mondialisation, mais aussi par les technologies de l’information et de la communication. Les valeurs d’unité, de solidarité, de liberté et surtout de paix et de justice au cœur des sociétés africaines sont très mobilisées dans les discours politiques pourtant teintés d’affirmations identitaires. L’unité africaine semble relever du marketing politique des dirigeants plutôt que d’un véritable projet de société qui prend corps dans des institutions aux capacités d’action ou de régulation solides et durables. Certains pays africains sont encore traversés par des crises sécessionnistes, sécuritaires ou économiques fondées sur des revendications identitaires et la crainte de toute assimilation culturelle. Les processus d’intégration manquent d’efficacité, les flux commerciaux intra-africains demeurent extrêmement faibles par rapport à leur potentiel, et les égoïsmes nationaux freinent les dynamiques de régionalisme. A cela se greffe l’influence persistante des forces néocoloniales qui engendrent des rapports collusifs empreints de corruption avec des élites politiques et des oligarchies locales, produisant une perpétuation de l’instabilité institutionnelle et démocratique au sein de nombreux États. Le discours panafricaniste qui n’a pas perdu en teneur épistémique et politique chez les intellectuel.les et militant.e.s panafricanistes semble ne plus trouver de traduction en action politique d’envergure. Les institutions démocratiques demeurent affectées dans certains pays par une crise de légitimité qui génère l’exaspération chez les populations, avec un rôle de plus en plus important assumé par la diaspora africaine dans les communautés politiques locales. Pourtant, de nouvelles forces sociales prennent de l’importance dans la société civile, mais aussi au niveau continental et s’inscrivent dans les dynamiques panafricanistes: sortie du Franc FCFA (monnaie héritée de la colonisation française), création de la zone de libre-échange africaine (Zlecaf), projet de passeport continental, projet de monnaie unique africaine ou encore la formation de la force africaine en attente. Comment les sociétés politiques africaines se saisissent-elles de ces enjeux ? Face aux complexités que produit la mondialisation, quel avenir pour le panafricanisme comme projet politique continental ? Comment s’organisent les diasporas et les forces sociales locales pour faire face aux appétits des nouvelles puissances et aux stratégies de survie des acteurs néocoloniaux ? En effet, la montée en puissance de la Chine et de la Russie en Afrique constitue également des enjeux en matière de références institutionnelles et de régimes politiques pour les pays africains, alors que de nombreux pays du continent sont familiers de turbulences électorales liées aux règles et fonctionnement de la démocratie libérale occidentale. Comment les acteurs politiques en Afrique se positionnent-ils vis à vis des systèmes autocratiques ? Cet atelier abordera les enjeux politiques, économiques, sécuritaires et identitaires qui traversent l’Afrique mondialisée d’aujourd’hui confrontée aux convoitises des puissances en compétition.
A13.1, Sécurité, crises et fragilités transfrontalières en Afrique subsaharienne
Les valeurs d’unité, de solidarité, de liberté et surtout de paix et de justice au cœur des sociétés africaines sont très mobilisées dans les discours politiques pourtant teintés d’affirmations identitaires. L’unité africaine semble relever du marketing politique des dirigeants plutôt que d’un véritable projet de société qui prend corps dans des institutions aux capacités d’action ou de régulation solides et durables. Certains pays africains sont encore traversés par des crises sécessionnistes, sécuritaires et transfrontalières fondées sur des revendications identitaires et la crainte de toute assimilation culturelle. Ce panel abordera les fragilités étatiques, les formes de violences politiques et les réponses sécuritaires non étatiques liés aux enjeux de sécurité en Afrique subsaharienne.
– Fragilité étatique du Sud-Soudan : Perspectives politiques et institutionnels, Brahima Bilali, Candidat au doctorat en science politique, Université du Québec à Montréal
– La place des sociétés militaires et de sécurité privée face aux crises sécuritaires en Afrique subsaharienne, Jean Renaud Bikoe, Candidat au doctorat en science politique, Université de Yaoundé II, Cameroun
– Actions civilo-militaires et opérations de stabilisation contre l’extrémisme violent dans la ceinture sahélienne du bassin du lac Tchad : une stratégie contre-insurrectionnelle adaptée, Edouard Yogo, Politologue, Université de Yaoundé II
A13.2, Coopération, compétition et enjeux de puissance en Afrique mondialisée
L’Afrique est aujourd’hui au cœur de grandes convoitises stratégiques et économiques. Entre effondrement de l’influence des ex-puissances coloniales et montée en force des puissances émergentes sur le continent, les sociétés politiques africaines dans leur diversité entretiennent encore des rapports complexes avec la continuité institutionnelle et la stabilité démocratique. Les dynamiques de coopération observés dans la multiplication des sommets Afrique- grande puissance (Etats-Unis, Chine, Russie, UE), la prise en charge par les institutions africaines des enjeux de sécurité et l’importance pris par la transition énergétique dans l’agenda africain des négociations climatiques seront au cœur de ce panel.
– Dynamiques complexes et trajectoires comparées de la coopération entre l’Afrique et les puissances mondialisées : Etats-Unis, Russie, Chine, UE, Brice Armel Simeu, Candidat au doctorat en science politique, Université du Québec à Montréal, Canada
– L’africanisation de la paix et de la sécurité en Afrique : entre complexité et utopie, Archange Bissue BI-NZE, Candidat au doctorat en science politique, Université Catholique de Louvain, Belgique
– Coopération panafricaniste et maintien de la paix : valeurs et limites de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité, Nicolas Klingelschmitt, Candidat au doctorat en science politique, Université du Québec à Montréal
– La transition énergétique en Afrique dans les négociations climatiques internationales : enjeux et perspectives, Louis Narcisse Ngono, PhD science politique, Université de Yaoundé II, Cameroun
A13.3, Démocratie, partis politiques et participation citoyenne en Afrique
Les institutions démocratiques demeurent affectées dans certains pays africains par une crise de légitimité qui génère l’exaspération des populations, avec un rôle politique de plus en plus important assumé par la diaspora africaine dans les institutions politiques locales. De nouvelles forces sociales prennent de l’importance dans la société civile, mais aussi au niveau continental et s’inscrivent dans les dynamiques panafricanistes. Les partis politiques et les leaders politiques sont en quête de positionnement permanent, la décentralisation suit une trajectoire sinueuse dans l’ombre du processus de démocratisation, et l’on observe une politisation de l’espace public en période de compétition sportive. Ce panel abordera ces enjeux.
– Partis politiques et défaite électorale en Afrique subsaharienne : analyse des stratégies de repositionnement des leaders politiques, Mohamed Younouss, Candidat au doctorat en science politique, Université du Québec à Montréal
– Décentralisation et processus de démocratisation en Afrique subsaharienne, Sakinatou Mashoud, Candidat au doctorat en science politique, Université de Sakarya, Turquie
– Politisation et contrôle de l’espace public en période de compétition sportive : les enjeux politiques de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations « CAN Cameroun 2021 », Abdou Nassir, Candidat au doctorat en science politique, Université de Ngaoundéré, Cameroun
Enregistrement vidéo :
A13.1 L’Afrique mondialisée face aux enjeux de puissance
A13.2 L’Afrique mondialisée face aux enjeux de puissance
A13.3 L’Afrique mondialisée face aux enjeux de puissance
A10. Valeur de la démocratie, valeurs démocratiques : de la continuité à la distanciation
Responsable: Julien Giudicelli, Université de Bordeaux (julien.giudicelli@gmail.com)
Résumé de l’activité
Nos textes fondamentaux, qu’ils relèvent du droit interne ou droit international, consacrent tous le principe de la démocratie, entendu comme un fondement sur lequel doivent s’appuyer les Etats. Si ces textes ne donnent pas de définition de la démocratie, du moins ils en fixent la valeur universelle, c’est-à-dire suprême. Ceci dit, une définition même partielle n’a jamais été véritablement donnée.
Bien sûr, on peut toujours affirmer que la démocratie est le pouvoir du peuple mais ce n’est pas là une définition, juste une tautologie étymologique dont les termes sont tout aussi obscurs que la notion de démocratie : que signifie le pouvoir, le peuple ? Nous plaçons au sommet de nos valeurs un principe dont nous ne connaissons pas le sens.
D’aucuns répondraient que c’est le propre des valeurs suprêmes de ne pas posséder de définition. On poserait d’abord l’idée générale, ici la démocratie, qui servirait de mesure pour évaluer toutes ses applications, de sorte qu’elle se définirait par rapport à ses différentes manifestations : en premier lieu la démocratie directe, suivie de la démocratie indirecte.
On pourrait tout à fait concevoir la forme représentative comme suffisamment complète pour compenser l’absence des autres formes. Du reste la représentation n’est pas exclusive puisque, dans une moindre mesure, il existe des instruments de démocratie directe tels le référendum. Nous dirons ainsi qu’il y a une forme dominante de type représentatif et des formes secondaires de type direct.
Or la démocratie représentative ne fait que solliciter le peuple à un moment déterminé, celui des élections. Il apparait de manière épisodique au rythme des différentes élections qui ponctuent la vie politique. On parle d’échéance électorale, ce qui marque son caractère exceptionnel. La démocratie est ainsi moins le pouvoir du peuple que celui de sa représentation. Faut-il alors définir la démocratie en termes techniques, la diluant dans les débats sur les scrutins majoritaire, proportionnel ou hybride ?
Idéalisation, absence de définition, application diluée, autant de difficultés rencontrées lorsqu’on tente de saisir la notion de démocratie à une époque où, justement, nous devrions avoir plus de certitudes. Alors qu’elle est devenue un prédicat pour tout Etat moderne, on s’interroge aujourd’hui sur son bienfondé. Plusieurs illustrations imposent ce questionnement, que ce soient les abus d’infox et d’expressions sectaires sur les réseaux sociaux, les mouvements populistes dans plusieurs pays, le refus de mesures d’intérêt général (notamment sanitaires et environnementales) par une partie de la population.
Ce sont ces différents paradoxes de la démocratie que nous aimerions traiter : un principe formel dont le contenu se dévoie en diverses expressions, une valeur idéelle qui pourtant fait naître des doutes sur sa justesse, un pouvoir attribué à un peuple parfois versatile et irrationnel. Que vaut la démocratie lorsque, dans sa réalisation, elle s’éloigne de son idéal et, de valeur suprême, se disperse en des valeurs secondaires ?
Panel A10.1 : La démocratie égarée sur le chemin de la technique
a) Structuration partisane et numérique de la contestation ou la tyrannie de la minorité, Michaël Bardin, Maître de conférences des Universités en droit public, Avignon
b) Critique de la représentation, Julien Giudicelli, Maître de conférences HDR des Universités en droit public, Bordeaux
c) Vivre la démocratie au-delà de sa fondation, Sylvie Schmitt, Maître de conférences HDR des Universités en droit public
Panel A10.2 : La démocratie distancée sur le chemin des valeurs
a) Réalisme et désidéalisation de la démocratie chez Kelsen, François Lecoutre, Maître de conférences des Universités en droit public, Poitiers
b) Penseurs libéraux du XIXe siècle et suffrage universel, Thierry Santolini, Maître de conférences des Universités en droit public, Toulon
c) Démocratie et neutralité libérale, une contradiction, Vincent Valentin, Professeur des Universités en droit public, IEP de Rennes
d) La maison, Alexandre Zabalza, Professeur des Universités en droit privé, Bordeaux
Enregistrement vidéo :
A10.1 Valeur de la démocratie, valeurs démocratiques : de la continuité à la distanciation
A10.2 Valeur de la démocratie, valeurs démocratiques : de la continuité à la distanciation
Conférence hors panels
Présidentielle 2022 : la réinvention du processus démocratique
Philippe Maarek, Université Paris-Est Créteil Va de Marne, École internationale d’études politiques
en dialogue avec Guy Lachapelle (Concorda University)
L’élection présidentielle française de 2022 semble placée sous le signe paradoxal de la certitude et de la confusion. Ainsi, à moins d’une énorme surprise, Emmanuel Macron apparaît éloigné du sort de son prédécesseur. Son bilan de mandat, pourtant grevé par la pandémie liée à la COVID-19, ne devrait pas l’empêcher de se présenter avec des chances d’être réélu. Quant à l’atmosphère diffuse de confusion, elle concerne plutôt des partis politiques qui ne semblent pas à ce jour avoir retrouvé leur capacité de remplir leur rôle. Six mois avant l’échéance électorale, la candidate socialiste Anne Hidalgo n’apparait guère en mesure de remettre en jeu sérieusement le parti qui l’a adoubée sans trop se soucier d’un accompagnement programmatique. De même, les Républicains en sont réduit à un simulacre de « primaires » dont l’électorat a été limité à celles et ceux…qui auront bien voulu payer à temps les 30 euros de l’adhésion au parti. Enfin, le Rassemblement National que l’on aurait pu penser voué au service de Marine le Pen, semble se recroqueviller au fur et à mesure de la baisse des intentions de votes pour celle-ci indiquée par les sondages.
Philippe J. Maarek, est professeur de communication politique à l’Université Paris Est Créteil (UPEC), France, ancien président des sections de recherche en communication politique de l’Association Internationale de Science Politique (AISP), de l’Association Internationale de Recherches en Information et Communication (AIERI) et ancien membre de l’Institut des sciences de la communication du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Actuellement membre du Sic.Lab Méditerranée (Nice, France), Philippe J. Maarek est fondateur et directeur du Centre d’études comparées en communication politique et publique (CECCOPOP) et co-fondateur et ancien directeur du Département de communication publique et politique de l’Université Paris-Est, France. Il a reçu la décoration française la plus prestigieuse, la « Légion d’Honneur ».
Suggestions
- Philippe J. Maarek (2022), «Manufacturing Government Communication on Covid-19 – A Comparative Perspective», Springer Cham.
- Série de livres de Philippe Maarek sur les élections françaises (Éditions Harmattan).
- Philippe J. Maarek (2014), «Communication et Marketing Politique” chez LexisNexis», LexisNexis.
- Philippe J. Maarek (2011), «Campaign Communication and Political Marketing», Wiley-Blackwell.
Enregistrement vidéo :
Présidentielle 2022 : la réinvention du processus démocratique
The World Value Survey Organisation – Wave 7 – valeurs et tendances
Christian Haerpfer, Universität Wien, Institut für Politikwissenschft
en dialogue avec Guy Lachapelle (Concorda University)
The World Value Survey (WVS) is an international research program devoted to the scientific and academic study of social, political, economic, religious and cultural values of people in the world. The project’s goal is to assess which impact values stability or change over time has on the social, political and economic development of countries and societies. The project grew out of the European Values Study and was started in 1981 by its Founder an firs President (1982-2013) Professor Ronald Inglehart fron the University of Michigan (USA) and his team, and since then has been operating in more tha 120 world societies. The main research instrument of the project is a representative comparative social survey which is conducted globally every 5 years. Exstensive geographical and thematic scope, free availability of survey data and project findings for broad public turned the WVS into one of the most authoritative and widely-udes cross-national surveys in the social sciences. At the moment, WVS is the largest non-commercial cross-national empirical time-series investigation of human beliefs and values ever executed.
Le dialogue entre Christian Haerpfer et Guy Lachapelle se déroulera en français pour les questions et en anglais pour les réponses.