Des appels à communication sont ouverts pour les activités suivantes qui feront partie du programme de la prochaine édition du Congrès de la SQSP. Nous vous invitons à soumettre vos proposition en remplissant le formulaire.
Date limite : 12 février 2024.
Appel à communication 1
Titre de l’activité :
Repenser la politique africaine. Régularités et nouveaux paradigmes.
Types d’activité :
Ateliers (généralement 3 ou 4 panels)
Résumé de l’activité :
La nouvelle Afrique a systématiquement muté, rendant presque illusoires les paradigmes classiques d’analyse du politique. De nouveaux objets et des pratiques inédites nourrissent le quotidien des populations et des ordres politiques du continent. Le souverainisme renaît et l’État, autrefois isolé, se construit peu à peu, se rapprochant rapidement de sa société. Le soupçon d’une capture de l’État par sa société se fait jour, ouvrant au public le procès social général de l’État.
L’objectif de cet atelier est de présenter aux politologues africains un éventail varié et sélectif des principales questions politiques contemporaines en Afrique. Prétendre identifier et traiter toutes les questions politiques est surréaliste ou conduirait à un catalogue de quelques sujets racontés, sans profondeur. L’atelier ne prétend nullement à l’exhaustivité et s’inscrit dans le processus de recherche des constantes théoriques et analytiques de la politique africaine, dans une Afrique naturellement plurielle et diversifiée. Dans cette optique, il identifie un certain nombre de questions qui sont largement communes à l’arène politique classique, à savoir l’État, l’exercice du pouvoir politique, le développement, les conflits, la démocratisation, l’intégration et les relations internationales africaines. Ces questions feront l’objet de panels distincts, mais loin d’être déconnectées les unes des autres, elles seront abordées de manière à s’articuler autour d’un certain nombre de lignes directrices transversales, telles que la souveraineté et la lutte décoloniale, l’État développementiste, la juvénilisation de l’espace politique, le climat, l’Afrique-puissance, l’Afrique numérique, qui ont contribué à forger les logiques actuelles issues de ces dynamiques nouvelles et originales au sein du continent. L’atelier se concentrera donc, aussi, sur les aspects décoloniaux, globaux et numériques de la politique en Afrique. Ce choix de thèmes pose un certain nombre de défis. Avant d’aller plus loin, il convient d’exposer et de clarifier ces défis, de justifier le choix des thèmes et d’expliquer comment ces thèmes s’articulent avec les différents panels qui composent l’atelier.
Le défi majeur posé par le sujet est celui de « l’Afrique » elle-même, qui ne peut être un ensemble composite. Le continent est composée de 54 pays, chacun avec son histoire, ses institutions et ses défis. Par conséquent, l’aborder comme un ensemble homogène risquerait de conduire à des généralisations abusives. Mais aborder l’Afrique pays par pays, sous prétexte de respecter les contextes spécifiques , conduirait également à une impasse analystique, au sens de Gazibo, puis Christian Coulon et Denis-Constant Martin; car cette option consacre la fragmentation de l’objet et éliminerait la recherche d’explications transversales, dont l’enjeu est ici de les construire intellectuellement.
L’objectif de cet atelier est de considérer la politique africaine à travers le prisme de nouvelles questions (jeunesse et emploi, immigration, numérisation, santé, climat) qui se sont rapprochées des questions traditionnelles de l’Etat, des conflits et de l’intégration régionale. Il est désormais clair qu’en Afrique, tout est politisé, tout est devenu politique, du fait de la rencontre entre l’Etat et sa société plus exigeante et structurante. Cet atelier ne s’inscrit nullement dans le débat sur la politisation, tant l’univers hardcore du politique en Afrique est désormais ouvert et perméable.
Responsable de l’activité : Eugene Arnaud Yombo Sembe
Appel à communication 2
Titre de l’activité
LGBTQ+ Arabes à la croisée des identités au Canada et Quebec
Types d’activité
Table Ronde
Résumé de l’activité
La littérature sur la politique canadienne met en lumière la marginalisation que subissent les Arabes LGBTQ+ et d’autres personnes LGBTQ+ racialisées, ce qui affecte leur manière d’exprimer leur identité queer et d’interagir avec les communautés LGBTQ+. Des auteurs tels que Labelle (2021), Lapointe (2021), Khan (2021) et Tremblay (2020) ont argumenté que les personnes LGBTQ+ racialisées au Canada sont sous-représentées et se sentent exclues. Alors que beaucoup supposent que les États occidentaux sont plus progressistes en matière d’homosexualité que les États non occidentaux, et que toutes les personnes LGBTQ+ peuvent y trouver l’acceptation, Puar (2017) a forgé le concept d’homonationalisme pour argumenter que les personnes LGBTQ+ racialisées sont exclues des assemblages nationaux construits par les États occidentaux. En même temps, les communautés et organisations de la diaspora arabe n’ont pas historiquement été accueillantes envers les LGBTQ+ arabes. Comme l’écrit Nadine Naber (2012), pour de nombreux Arabes en diaspora, « l’exigence normative de l’hétérosexualité obligatoire sous-tend la politique de l’authenticité culturelle » (84). Alors que de nombreux LGBTQ+ arabes sont intégrés dans les réseaux familiaux et communautaires arabes, ils font souvent face à la pression de séparer leur identité LGBTQ+ de leur identité arabe. Cette marginalisation et cette exclusion se reflètent dans la manière dont diverses organisations arabophones, dirigées par des Arabes et arabes, se présentent, recrutent et interagissent avec leurs membres.
Cette discussion offre une vue d’ensemble des modèles d’organisation queer arabe dans les villes de Montréal et d’Ottawa, deux villes comptant de grandes populations arabes et jouant un rôle clé dans la construction du nationalisme canadien et québécois. En particulier, on peut se demander comment les individus et les organisations font face aux exclusions et à la marginalisation vécues par les LGBTQ+ arabes dans les deux villes. Simultanément, les communautés LGBTQ+ arabes pratiquent leurs propres formes d’exclusion, que ce soit en fonction de la diversité culturelle des Arabes, de questions de classe et de statut d’immigration, ou d’autres formes de diversité interne.
Cette table ronde réunira des universitaires, des défenseurs des droits de diverses ONG telles que l’Institut canadien-arabe, Helm, etc. Ottawa et Montréal comptent des communautés arabes diverses en termes de nationalité, d’ethnicité, d’allégeance religieuse et sectaire, de génération d’immigration et de classe, ainsi que des communautés queer, arabes et queer arabes bien organisées, autant de sites pour comprendre ces questions. Les résultats de la discussion nous aideront à comprendre l’étendue, le type et la nature de l’exclusion au sein de ces organisations et comment cela affecte l’expérience de l’homonationalisme des personnes LGBTQ+ arabes dans les deux villes, et contribueront à la littérature canadienne et montréalaise.
Responsable de l’activité : Elie Kallab (Université d’Ottawa)
Appel à communication 3
Titre de l’activité
Résistances, politiques et techniques de(s) l’ordinaire(s
Types d’activité
Ateliers (généralement 3 ou 4 panels)
Résumé de l’activité
La conception foucaldienne du pouvoir stipule que celui-ci ne relève pas exclusivement d’instances officielles ou d’actes extraordinaires : plutôt, le pouvoir est diffus et situé dans toutes les sphères de la vie. En effet, le pouvoir s’incruste dans la quotidienneté, trouvant des ancrages dans ce qui apparaît le plus routinier, ordinaire. Toutefois, Foucault (1976) nous apprend aussi que « là où il y a pouvoir, il y a résistance ». Cette thèse informe notamment les écrits de James C. Scott sur l’infrapolitique, qui stipule que la résistance à la domination se forme de façon discrète et loin des yeux du pouvoir (Scott 1992). Ces espaces cachés permettent aux dominé.es de développer un lexique de lutte commun, mais aussi de prendre soin les un.es des autres en réponse à la violence quotidienne subie. Cette « infrapolitique du soin » (Malatino 2019; Harris 2023) peut parfois être cruciale pour la survie de certains groupes, et constituer une importante source de solidarité.
Il existe également des résistances infra-ordinaires (Perec 1989; Johansson et Vinthagen 2016), logées dans certains gestes de contestations routiniers et de pratiques qui, sans être cachés, passent souvent inaperçus. Ces résistances discrètes peuvent se déployer dans plusieurs milieux : pensons aux pratiques visant à contrer la surveillance et le contrôle numérique au travail, aux jardins collectifs luttant contre la gentrification des quartiers, aux cercles de raccommodage et de réparation servant à contrecarrer la surconsommation et l’obsolescence planifiée, etc. Les violences ordinaires peuvent ainsi se heurter au travail de résistance ordinaire, qui implique en outre de prendre soin des choses, des autres et du monde (Laugier 1999; Garrau 2018; Denis et Pontille 2020).
La résistance ordinaire peut aussi se situer au niveau du sujet, et concerne son rapport à lui-même. Ce dernier peut non seulement porter un regard critique sur ses pratiques, mais il peut également être créatif, voire inventer un nouveau quotidien (Certeau 1990; Butler 1999; Hadot 2001). Pensons aussi à diverses techniques de soin du soi (Foucault 1984, 1988) ou encore aux pratiques d’autodéfense (Dorlin 2017), qui remettent le corps – voire le muscle – au centre d’une pratique visant à contrecarrer les matérialisations du pouvoir dans son ordinaire subjectif.
Face à l’interdépendance du pouvoir, des résistances et de la sphère de l’ordinaire, notre atelier interdisciplinaire propose de se pencher sur ces thématiques et sur des questions telles que : Comment s’organisent les résistances en l’absence quasi-complète de soutiens institutionnels ou d’infrastructure? Dans quelle mesure les techniques de soi se présentent comme des formes de résistances ordinaires ? Peut-on prendre soin « des autres » quand ces derniers sont animés par la haine? Quels sont les effets des résistances quotidiennes sur les systèmes de domination? Est-ce que certaines résistances ordinaires participent, malgré elles, à la reproduction du pouvoir? Quel sens donner au terme « ordinaire »?
Responsables de l’activité :
Sophie Bourgault (Université d’Ottawa)
Julie Paquette (Université Saint-Paul)
Justine Perron (Université d’Ottawa)
Appel à communication 4
Titre de l’activité
Le(s) corps politique(s)
Types d’activité
Ateliers (généralement 3 ou 4 panels)
Résumé de l’activité
Peuple, nation, contrat social, souveraineté : l’imaginaire du corps politique est omniprésent à travers notre quotidien, tant dans l’environnement médiatique, dans les discours politiques que dans le milieu universitaire. Bien que l’utilisation de tels concepts ne fasse jamais trop sourciller, leur sens et leur portée, lesquelles font continuellement l’objet d’actualisation et de performances diverses, sont pourtant loin d’aller de soi. Alors comment au juste se fonde(nt) le(s) corps politique(s) ?
Depuis la politeia grecque en passant par le grandiose Léviathan de Hobbes et le « We the People » états-unien, de nombreuses auteurices ont tenté au cours de l’histoire des idées politiques de décrire ou d’expliquer comment un groupe se constitue et peut en venir à agir ensemble. D’un côté, ces efforts ont mené à articuler d’innombrables théories ayant permis de penser l’émergence des États-nations alors que de l’autre, des critiques ont souligné le caractère dominant et exclusif de telles représentations du corps politiques. Dans la théorie contemporaine, les théories critiques, féministes, décoloniales, queer et du handicap ont, à partir de cette critique, à leur tour proposé de reconfigurer l’intérêt que porte le concept de corps pour la pensée politique. Le corps représente alors, à travers la chair, l’image par laquelle est véhiculé tout un ensemble de théories politiques s’intéressant aux subjectivités et à la corporalité du politique.
Dans cet atelier, nous invitons les réflexions autour des enjeux entourant la formation, l’articulation et la définition du et/ou des corps politique(s). Les chercheur.euses sont invité.e.s à soumettre des contributions qui explorent les questions et les enjeux liés à l’usage de ces imaginaires dans le discours politique, des enjeux théoriques entourant leur mobilisation, ou encore des tensions qui surviennent entre les diverses représentations du/des corps politique(s). L’objectif est de définir et de circonscrire les nombreux usages de ces concepts tout en s’intéressant aux effets matériels, politiques et sociaux des figures fictives toujours bien ancrées dans les imaginaires politiques contemporains.
Responsables de l’activité :
Sylvain Bérubé (Université d’Ottawa)
Prof. Robert Sparling (Université d’Ottawa)
Marcus Charlesworth (Université d’Ottawa)
Appel à communication 5
Titre de l’activité
Les cadres de la politique en Afrique : entre rituels, jeux et tromperies
Types d’activité
Panels (3 ou 4 communications par panel)
Résumé de l’activité
La politique en Afrique est souvent analysée à travers le prisme des grands événements, comme les élections, les coups d’État, les conflits armés, les crises humanitaires ou les transitions démocratiques. Ces événements sont certes importants, mais ils ne rendent pas compte de la complexité et de la diversité des pratiques politiques qui se déroulent au quotidien, dans les espaces publics et privés, par les acteurs étatiques et non étatiques, à travers des formes conventionnelles et non conventionnelles. Certes, les recherches sur le néopatrimonialisme et la « politique par le bas » ont eu le mérite de mettre en évidence la complexité des logiques de pouvoir en Afrique qui ne se réduisent pas au simple calque du modèle légal-rationnel occidental, ou à l’échec de son implantation. L’approche historique et culturelle du néopatrimonialisme s’est avérée décisive pour cerner les fondements de la domination politique dans les sociétés africaines. Elle a notamment permis de montrer la continuité entre l’expérience coloniale et postcoloniale de l’État, et offert un éclairage sur les mécanismes formels et informels de la genèse de l’ordre politique en Afrique (Bach et Gazibo, 2011). Cependant, malgré leur contribution indéniable à la compréhension des systèmes politiques africains, les travaux sur le néopatrimonialisme pêchent souvent par leur manque de rigueur empirique, par l’importance excessive accordée aux variables culturelles, à la figure des dominants, et à la spécificité des trajectoires politiques africaines (Brossier, 2019). Cette dernière tendance limite particulièrement la portée empirique du concept, en en faisant un fourre-tout, aux frontières du caricatural, et aux applications simplistes et englobantes.
À l’autre bout du spectre, la littérature sur « la politique en bas » met en lumière les stratégies et capacités d’action des populations africaines « ordinaires », à l’inverse de l’image de dominés passifs souvent véhiculée (Bayart, Mbembe, Comi, 2008). Un des apports majeurs de ces travaux est d’offrir une lecture plus nuancée des rapports entre États et société civile, en mettant en exergue les tensions et les interdépendances qui les constituent. Toutefois, au même titre que la recherche sur le néopatrimonialisme, les travaux qui étudient « le politique par le bas » ont tendance à surévaluer l’autonomie et la cohérence des initiatives populaires et locales en Afrique. Le rôle privilégié accordé aux pratiques des acteurs subalternes, aux normes informelles du pouvoir conduit à en surestimer le poids causal, et à en réduire la portée explicative.
Sans les rejeter entièrement, ce panel se veut l’espace de théorisation d’une approche complémentaire ou alternative. Le panel propose d’explorer la politique en Afrique à partir de la perspective des cadres de l’expérience, développée par le sociologue Erving Goffman (Goffman et Kihm, 1973). Il s’agit de comprendre comment les acteurs politiques africains définissent, interprètent, négocient et transforment les situations politiques qu’ils rencontrent ou qu’ils créent, en mobilisant des cadres cognitifs et normatifs qui leur permettent de donner un sens à leur action et à leur communication.
Responsables de l’activité :
Raoul Tamekou Tsowa (Université de Montréal)
Jean Roger Abessolo Nguema (Université de Douala)
Appel à communication 6
Titre de l’activité
Dilemmes éthiques en sciences sociales : Naviguer les défis, tracer les stratégies et imaginer les transformations
Types d’activité
Ateliers (généralement 3 ou 4 panels)
Résumé de l’activité
Les débats entourant l’éthique en recherche suscitent des discussions animées, notamment au sein de la communauté scientifique en sciences sociales. Un premier ensemble d’éléments de ces débats met en lumière la surrèglementation de la recherche, soulignant le risque que les évaluations éthiques exercent une influence dissuasive sur les activités de recherche. Certain·e·s chercheur·e·s vont jusqu’à conceptualiser les comités d’éthique de la recherche (CER) comme des acteurs intimidateurs, reproduisant des biais infondés en fonction des sujets de recherche et de leurs producteur·rice·s. Parmi les préoccupations soulevées, on trouve l’accusation d’infantilisation des chercheur·e·s et des participant·e·s, le déséquilibre en faveur des recherches prônant une éthique rationaliste, les tensions entre les CER et les chercheur·e·s, l’impact négatif du processus d’évaluation sur les étudiant·e·s de cycles supérieurs, les chargé·e·s de cours, et les professeur·e·s non titulaires, la complexité du processus d’évaluation éthique et ses multiples étapes, et l’efficacité limitée de cette évaluation en termes de promotion d’une réflexion éthique concrète dans la pratique. Un second ensemble d’éléments de ces débats concerne les pratiques éthiques adoptées au long du processus de recherche, renvoyant aux enjeux d’extractivisme en recherche, de rémunération des participant·e·s à la recherche, de protection et de confidentialité des données et des participant·e·s, ainsi que de manipulation et diffusion des résultats de recherche.
Comment se matérialisent les défis reconduits par le processus d’évaluation éthique d’une recherche ? Comment les obstacles éthiques se présentent-ils lors de la réalisation d’un terrain de recherche ? Quelles stratégies les chercheur·e·s peuvent-ils adopter pour les aborder de manière responsable et comment peuvent-ils jouer un rôle actif dans la promotion de nouvelles normes et pratiques éthiques en recherche ? Comment peut-on envisager des réformes des cadres éthiques au sein de la recherche universitaire ? Cet atelier offre l’occasion aux chercheur·e·s de diverses disciplines en sciences sociales de se réunir et de partager leurs expertises et leurs expériences au sujet des dilemmes éthiques contemporains, incluant les CER et les processus d’évaluation éthique, les normes et les pratiques éthiques en recherche, ainsi que les avenues d’amélioration des cadres éthiques existants de la recherche. L’atelier est ainsi articulé autour de trois panels :
• Un premier panel portera sur les règles éthiques et notamment les processus d’évaluation éthique en vigueur à travers l’existence des comités d’éthique de la recherche au sein des universités;
• Un deuxième panel se penchera sur les pratiques éthiques en recherche, incluant les enjeux entourant la réalisation des terrains de recherche, la protection des sujets de recherche, la confidentialité des données, ainsi que la manipulation, la restitution et la diffusion des résultats de recherche.
• Un troisième panel s’intéressera aux réformes éthiques institutionnelles envisageables et applicables dans le cadre de la recherche universitaire.
Responsables de l’activité :
Saaz Taher (Université du Québec à Trois-Rivières)
Sule Tomkinson (Université Laval)
Patrick Goma-Maniongui (Université Laval)
Appel à communication 7
Titre de l’activité
Le pouvoir au prisme du territoire
Types d’activité
Ateliers (généralement 3 ou 4 panels)
Résumé de l’activité
La science politique québécoise (et canadienne) tend encore trop souvent à associer l’échelon local aux « actes banals du quotidien »- pour reprendre l’expression du thème de ce congrès. Afin de battre en brèche cette conception encore dominante, nous invitons les chercheur.e.s. à mettre de l’avant leur travaux qui explorent les différents rapports que le pouvoir entretient avec le territoire. Pour ce faire, on propose de sortir des découpages disciplinaires traditionnels pour faire discuter les travaux en politique urbaine et rurale, avec ceux en politique canadienne. En effet, si les premiers cherchent à élucider les logiques politiques qui structurent et animent l’échelon territorial municipal, les seconds permettent de replacer le territoire dans le cadre provincial-fédéral. Les propositions de communication pourront ainsi s’inscrire dans l’un des deux principaux axes suivants.
Axe 1 : Le territoire et le pouvoir en représentation
La question de la représentation se pose doublement à l’échelle territoriale, puisqu’elle concerne à la fois les élu.e.s municipaux et les député.e.s qui représentent leurs circonscriptions. Premièrement, elle interroge la sociologie des élu.e.s municipaux qui sont à la tête de ces territoires, afin de mieux comprendre les profils et les trajectoires de ces derniers. Dans l’espace public, les enjeux de féminisation, de diversité ou encore d’âge ponctuent les discussions sur la santé de la démocratie : quel est l’apport de la recherche en science politique sur ces aspects? Deuxièmement, la représentation ne se limite pas aux caractéristiques des élus mais inclut la manière dont ils et elles incarnent leur rôle. En cela, le travail politique au quotidien, les relations avec la fonction publique, et plus généralement avec la communauté sont peu documentés pour les élus municipaux. Ce questionnement sur le métier politique permet également de faire le lien avec le travail en circonscription des député.e.s provinciaux ou fédéraux qui tissent eux aussi les trames du politique au quotidien sur le territoire. Comment l’ancrage local et l’apolitisme énoncé des premiers s’arriment-t-ils avec les logiques gouvernementales et les dynamiques partisanes des seconds ?
Axe 2 : le territoire et le pouvoir en action
Historiquement structuré par les politiques provinciale, le territoire est aussi le lieu de l’action publique. Certaines municipalités s’affichent comme des « policy makers » qui forcent à interroger leur capacité d’initiative et d’appropriation d’une reconnaissance en tant que « gouvernement de proximité ». Là encore, l’exploration des dynamiques d’action publique territoriale ne peut se faire sans concilier des regards portés à plusieurs échelons afin de capturer les arrangements formels ou informels de la gouvernance multiniveaux. Qu’il s’agisse de grands projets d’infrastructures ou de politiques visant des services dits « à la personne », comme la culture ou l’accueil de la diversité, comment ces politiques publiques sont-elles élaborées ? Quel est le poids de la dimension territoriale dans les forces de standardisation et de différenciations qui parcourent l’action publique ?
Responsables de l’activité :
Anne Mévellec (Université d’Ottawa)
Guy Chiasson (Université du Québec en Outaouais)
Yann Fournis (Université du Québec à Rimouski)
Appel à communication 8
Titre de l’activité
La culture stratégique québécoise à l’aune de la guerre en Ukraine
Types d’activité
Panels (3 ou 4 communications par panel)
Résumé de l’activité
Dès le début de la guerre en Ukraine en février 2022, les élus de l’Assemblée nationale du Québec ont adopté à l’unanimité une motion de solidarité avec le peuple ukrainien, soulignant « le droit du peuple ukrainien de vivre dans un pays en paix, prospère et souverain » et leur « souhait d’une résolution pacifique basée sur la négociation et le respect du droit international ». Au même moment, dans sa déclaration d’appui au dépôt de cette motion, le député Fontecilla expliquait en nuançant que « le Québec doit être un acteur de la paix et non pas jeter de l’huile sur le feu, s’élancer dans une surenchère militariste ».
La Constitution canadienne est sans équivoque concernant les prérogatives fédérales sur les enjeux de défense. Néanmoins, les élus provinciaux du Québec ne se privent pas d’émettre des avis à l’égard d’enjeux de guerre et de paix. Ceci s’explique en grande partie par la paradiplomatie identitaire du Québec, caractérisée la prise de position « au nom de la spécificité de valeurs ‘pacifiques’ du peuple québécois, respectueux du droit international et du multilatéralisme », plutôt que de motivations souverainistes ou électoralistes (Massie et Lamontagne 2018). La motion du 23 février 2022 traduit une telle volonté d’exprimer la spécificité des attitudes québécoises. le Bloc québécois a soutenu la fourniture d’armes à l’Ukraine en expliquant que « la nation québécoise est pacifique. La nation ukrainienne est pacifique […] vos gens ont le droit de défendre ceux qu’ils aiment ». Cependant, cette posture a fait l’objet de critiques dans les médias francophones au Québec, certains estimant que l’aide à l’Ukraine constitue une provocation de la part de l’OTAN, un appui à l’impérialisme américain ou contrevient à la légitimité de la sphère d’influence russe en Ukraine.
Les attitudes québécoises à l’égard de la guerre en Ukraine témoignent-elles de la spécificité du pacifisme québécois ou reflètent-elles plutôt un appui à l’impérialisme ? S’appuyant sur la notion de culture stratégique québécoise, cette communication propose une analyse de quatre hypothèses communément avancées afin de comprendre la particularité des attitudes québécoises à l’égard des enjeux de sécurité internationale. Celles-ci portent sur l’anti-impérialisme états-unien et de l’OTAN, le besoin de sécurité russe, la critique de l’État de droit ukrainien et l’antimilitarisme.
La communication repose sur une analyse de contenu de la couverture médiatique au Québec de la guerre en Ukraine entre le 1er novembre 2021 et le 22 février 2024 au sein de médias francophones (Le Devoir, La Presse, le Journal de Québec) et anglophone (Montreal Gazette). De plus, nous examinons la rhétorique des élites des principaux partis politiques québécois durant la même période, ainsi que les sondages nationaux et québécois en ce qui a trait au conflit. L’analyse examine le niveau d’intérêt (saillance), les principaux narratifs (cadres), ainsi que l’ampleur et la nature des divergences entre et au sein de la société québécoise à l’égard de l’invasion russe de l’Ukraine. Ceci permet de contribuer au débat quant à la spécificité et aux caractéristiques propres à la culture stratégique québécoise.
Responsables de l’activité :
Nicolas-François Perron, UQAM
Justin Massie, UQAM
Appel à communication 9
Titre de l’activité :
Communication politique et démocratie technologique. Le nouveau quotidien?
Types d’activité :
Ateliers (généralement 3 ou 4 panels)
Résumé de l’activité :
La communication politique touche une grande partie des citoyennes et des citoyens quotidiennement. Cela, tout particulièrement de nos jours, alors qu’un grand nombre de personnes utilisent assidûment leur téléphone intelligent pour se connecter Web. Il serait d’ailleurs devenu un canal privilégié par les actrices et les acteurs politiques pour rejoindre en permanence les électrices et les électeurs (Russmann, Svensson et Larsson dans Veneti, Jackson et Lilleker 2019).
Ce contexte explique l’émergence d’une ère d’hybridité médiatique (Chadwick 2017), théâtre où interagiraient les différentes actrices et les différents acteurs du processus communicationnel -institutions, médias et citoyennes et citoyens (Small et autres 2014,5), faisant alors de la communication un processus multidirectionnel (Small et autres 2014,5).
Concrètement, les transformations technologiques, telle que l’arrivée des médias socionumériques et du Web 2.0, ont modifié la façon de faire et de communiquer la politique au quotidien. L’avènement de nouvelles plateformes numériques aurait en effet permis une démocratisation de l’information politique et les médias socionumériques favoriseraient la participation en ligne des individus (Jackson et Lilleker 2009).
Toutes les actrices et tous les acteurs pourraient manœuvrer et s’influencer en ligne, conduisant ainsi au risque de mésinformation et de désinformation (Reisach 2021; Wimberly 2021; Evangelista, Rafael et Bruno 2019; Iyengar, Shanto et Massey 2019).
Axes de recherche
Les propositions des participantes et des participants à l’atelier devront se rattacher à un ou plusieurs des axes suivants et pourront toucher les questions proposées, mais pas exclusivement :
Axe 1 : Médiatisation numérique des messages politiques
Cet axe porte sur la médiatisation numérique du politique, à savoir « les transformations sociales et culturelles induites par les technologies et les organisations médiatiques, à travers les relations que les individus et les institutions entretiennent entre eux et avec leur environnement » (GRCP, 2022).
- Dans ce contexte, comment l’information politique est-elle communiquée au quotidien au sein des espaces numériques ?
- De quelle façon les messages politiques diffusés numériquement sont-ils reçus et consommés par les citoyennes et les citoyens ?
Axe 2 : Actrices et acteurs de la communication politique numérique
Cet axe porte sur les actrices et les acteurs de la médiatisation numérique du politique, à savoir les citoyennes et les citoyens, les médias et les institutions. Chacune et chacun, à sa façon, s’implique dans la production et la diffusion en ligne de messages politiques à titre d’émettrices et d’émetteurs et/ou de réceptrices et récepteurs.
- En 2024, comment s’articule la communication numérique entre les citoyennes, les citoyens, les médias et les institutions ?
- Comment les transformations technologiques ont-elles influencé l’émission et la réception d’information politique ?
Axe 3 : La mésinformation et la désinformation politiques dans les espaces numériques
Cet axe s’intéresse aux phénomènes de mésinformation et de désinformation politiques, aux fake news et aux risques démocratiques associés.
- Comment s’expriment la mésinformation et la désinformation politiques en lignes?
- Quels sont les défis méthodologiques de mesure du phénomène de désinformation numérique?
- Comment réagissent les États, les institutions politiques ou les entreprises de médias socionumériques face aux risques que présentent la mésinformation et la désinformation pour les régimes démocratiques?
Responsable de l’activité :Thierry Giasson (Groupe de recherche en communication politique (GRCP) et Département de science politique de l’Université Laval)
Appel à communication 10
Titre de l’activité
David Graeber, penseur de l’imagination
Types d’activité
Ateliers (généralement 3 ou 4 panels)
Résumé de l’activité
Le monde ne pourrait-il pas être autrement ? La vie et l’œuvre de David Graeber (1962-2020) auront été dédiées à ouvrir nos horizons politiques, à rendre un autre monde possible. Ce colloque cherchera à comprendre le rôle qu’a joué l’imagination au sein de son travail intellectuel et activiste.
Comme s’il répondait à la condition décrite par Mark Fisher comme le « réalisme capitaliste », Graeber nous plonge dans notre passé et notre présent pour ouvrir une brèche dans laquelle dessiner notre avenir. Dans Utopia of Rules, il interroge la bureaucratie, définie comme antipode de l’imagination. Processus de formalisation et d’abstraction, elle homogénéise la « réalité », l’immobilise et l’aplanit. Ce faisant, elle cimente des relations de pouvoir inégalitaires et oppressives. Bullshit Jobs, via son portrait parlant de la souffrance contemporaine au travail, dévoile le vide central à ces expériences : vide de sens, mais plus encore vide de pensée, de création et d’imagination. Si Graeber diagnostique des grands maux de notre époque, ses études anthropologiques, portant autant sur les nouvelles manières de structurer notre présent politique que sur les manières passées d’organiser nos sociétés, mènent à reconsidérer ce qui est possible.
L’imagination graeberienne souhaite ainsi passer outre les limites imposées par les systèmes d’oppression sous-tendant notre imaginaire. Graeber appelle à remettre en question ce qui nous semble naturel pour entrevoir ce qui pourrait être : un ordre plus juste et décent. Cette ontologie politique de l’imagination se décline comme projet intellectuel et politique ambitieux : suite à son décès prématuré en 2020, il devient nécessaire de le poursuivre.
Le travail de Graeber étant assez récent, très peu s’y sont penché·e·s en profondeur. Cette absence est particulièrement notable dans le monde francophone : bien que les concepts établis par Graeber soient assez connus, son œuvre demeure sous-théorisée. Le large déploiement des notions proposées par David Graeber témoigne pourtant de la pertinence de ses travaux et souligne la nécessité de les interroger davantage. Une posture hagiographique, par contre, ne nous intéresse guère : il s’agira par conséquent de creuser les manques, les angles morts et les pistes non explorées au sein de ses réflexions. L’atelier vise donc à enrichir un pan de la recherche jusqu’ici négligé, en creusant l’œuvre d’un des théoriciens sociaux les plus largement reconnus de notre époque.
Graeber écrit en réaction à diverses crises — politique, sociale, climatique, du travail — qu’il s’avère essentiel de théoriser davantage. À l’instar de Graeber, l’atelier propose ainsi d’alimenter les réflexions entourant ces crises : de creuser leurs causes et d’imaginer des débouchées possibles. Nous souhaitons permettre un espace de réflexion et de discussion pouvant enrichir nos conceptions non seulement de la pensée graeberienne, mais plus encore des divers enjeux qu’il participe à théoriser.
Les contributions porteront, sans s’y limiter, sur les axes suivants : pratiques démocratiques radicales, enjeux du travail, travaux traitant de la bureaucratie, de la dette ou de la théorie de la valeur, lectures et analyses des textes de Graeber.
Orgasinateur et affiliations
Alexandre Crépeau (Candidate au doctorat, École d’études politiques, Université d’Ottawa)
Raphaël Ouellet (Candidat au doctorat, Département d’histoire de l’art, Université du Québec à Montréal)
Sophie Bourgault (Professeure, École d’études politiques, Université d’Ottawa)